Tous les articles par Fanch Broudic

Forestier, François, Plan de la ville et faubourgs de Rennes, 1718, extrait (BnF, département Cartes et plans, GE C-1431)

Des Isblederies en hommage au président d’honneur de la SHAB

Selon le cas, cliquer la photo colonne de gauche pour lire cet article dans les meilleures conditions.

Bruno Isbled a été le président de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne durant seize ans (2008-2023). Vous avez pu apprécier durant cette période ses capacités à mener la destinée de la SHAB, qui est restée fidèle à sa vocation élaborée dès ses origines, en septembre 1920, celle de “grouper tous ceux qui s’intéressent au passé de notre Province”

Pendant toutes ces années de présidence, il a inlassablement travaillé à la connaissance de l’histoire de la Bretagne et a été le promoteur des archives, sources infinies de recherches pour tous les chercheurs et chercheuses et plus particulièrement, bien sûr, les sources archivistiques de la Bretagne historique.

Une tradition bien établie

C’est pourquoi, à la suite des livres d’hommage rendus à notre président de 1975 à 1990, Jacques Charpy (Charpiana), puis à notre présidente de 1990 à 2008, Catherine Laurent (Talabardonneries), afin de les remercier de leurs longs, fructueux et aimables magistères, le comité de la Société a décidé, dans le plus grand secret d’offrir à Bruno Isbled un tel ouvrage, intitulé Isblederies. Textes en hommage à Bruno Isbled.

Le temps est venu de lever ce secret

Vous pouvez découvrir en avant-première sur cette page

  • L’illustration de la page une de couverture, colonne de gauche, cliquer pour voir la légende
  • Plus bas, le texte figurant en page 4 de couverture
  • Ci-après, le sommaire des Isblederies à télécharger en un clic

Les communications sont précédées d’une Préface rédigée par Catherine Laurent et Christine Berthou, notre actuelle présidente, et suivies par une Postface de Jean-Luc Blaise, représentant du collège des sociétés historiques.

Vous pouvez acquérir cet ouvrage unique grâce à une souscription ouverte à tous jusqu’au 15 décembre 2024.

  • Ce volume de Mélanges sera officiellement remis à Bruno Isbled en janvier prochain.
  • Les deux galeries de photos du président d’honneur de la SHAB sont des photos d’archives lors de différents congrès de la SHAB de Fañch Broudic et ne paraissent que sur le site Bretagne Histoire.

Le texte figurant en page 4 de couverture des Isblederies

Afin de rendre hommage à Bruno Isbled, président de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne (SHAB) pendant seize ans, quarante-quatre contributeurs ou contributrices – archivistes, historiens, historiens de l’art ou du droit, archéologues, architecte des monuments historiques, professionnels du patrimoine – ont pris la plume, seuls ou en binômes.

C’est le produit de cette moisson que présente ce volume qui est structuré en trois parties intitulées :

  • « Fragments d’archives »
  • « Échos d’archives »
  • « Éclats de patrimoine »

Témoignages d’amitié et de reconnaissance, les articles offrent un panorama de la recherche historique menée en Bretagne au cours des dernières décennies et des thèmes qui ont été développés lors des congrès de la SHAB.

Par le goût des sources qu’ils révèlent, ils sont aussi invitation à continuer à se rendre aux Archives, notamment celles d’Ille-et-Vilaine, où, par sa passion pour l’histoire, la diversité de ses curiosités et sa rigueur de chartiste, Bruno Isbled a joué un rôle irremplaçable de passeur et de guide, un savoir et des qualités dont il a fait bénéficier les membres de la SHAB et tous les lecteurs des Mémoires au cours de ses quatre mandats successifs de président.

Le procès de canonisation de Charles de Blois, page 1 de couverture

« Croire » à la fin du Moyen Âge : les sources relatives au procès du duc de Bretagne, Charles de Blois

Le procès de canonisation de Charles de Blois, duc de Bretagne (1319-1364). Tome I : Le procès d’Angers (1371), édition critique et traduction par Laurent HÉRY, Jean- Paul LE GUILLOU, Yves LE GUILLOU et Armelle LE HUËROU, sous la direction d’André VAUCHEZ, Paris-Rennes, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres », t. 59/Presses universitaires de Rennes-Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, coll. « Sources médiévales de l’histoire de Bretagne », n° 10, 2023, 953 p.

Défait et tué les armes à la main lors de la bataille d’Auray (29 septembre 1364) qui clôt la guerre de Succession de Bretagne ouverte en 1341 par la disparition sans héritier du duc Jean III, Charles de Blois (1319-1364) a connu une étrange revanche sur le terrain mémoriel et religieux. Grâce à la ténacité de son entourage – à commencer par le frère du roi de France Charles V, Louis Ier d’Anjou –, le vaincu d’Auray a, d’une certaine façon, prolongé de manière posthume son affrontement avec son rival, le duc Jean IV de Montfort, dans un domaine où on ne l’attendait pas forcément : celui de la sainteté.

Un patient travail d’établissement du texte du procès de canonisation

Dans les années qui suivent la mort de Charles, le parti de Blois-Penthièvre mit tout en œuvre pour tenter d’obtenir la canonisation de leur champion malheureux. De 1367 à 1376, la papauté d’Avignon, incarnée par Urbain V puis Grégoire XI, mit en branle la puissante machinerie administrative fondée sur l’enquête (inquisitio) qu’est alors devenu le procès en canonisation.

Si cette enquête sur la sainteté n’aboutit finalement pas au Moyen Âge finissant – il faudra attendre 1904 pour que Charles de Blois soit « seulement » béatifié par Pie X pour la plus grande joie d’une certaine aristocratie catholique bretonne –, elle n’en a pas moins engendré de nombreuses pièces de procédure, et en particulier les procès-verbaux d’interrogatoires des 164 personnes entendues à Angers. Ce sont principalement les déclarations de ces témoins, recueillies sur les bords de la Loire par les commissaires pontificaux, entre le 9 septembre et le 18 décembre 1371, qui forment la substance du présent ouvrage.

Le projet d’édition remonte loin dans le temps, vers le milieu des années 1970, avec la découverte par le grand médiéviste, spécialiste de la sainteté médiévale, André Vauchez, de deux vestiges manuscrits inconnus du procès en canonisation de Charles de Blois : les mss. Collectorie 434 et 434A de la Bibliothèque vaticane à Rome. Le lourd et patient travail d’établissement du texte excédant les forces d’un seul homme, c’est finalement un collectif de recherche, composé de spécialistes en histoire et en littérature latine qui s’est attelé à la tâche pour livrer aujourd’hui le premier tome d’une ample édition critique qui, à terme, devrait en compter deux.

Ce premier volume, prenant toute sa place dans la collection des « Sources médiévales d’histoire de Bretagne », contient plus précisément les actes du procès de canonisation instruit à Angers, hors des frontières de la Bretagne ducale, à la fin de l’année 1371.

Loudéac et l’Argoat au cœur du congrès 2024 de la SHAB/FSHB

Pour visualiser l’ensemble de cet article, cliquer l’image d’en-tête dans la colonne de gauche. Cliquer chaque photo pour prendre connaissance de sa légende.


Le congrès annuel de la SHAB s’est tenu à Loudéac du 5 au 7 septembre 2024. Il revenait aux Côtes-d’Armor de l’accueillir cette année puisque les congrès se déroulent à tour de rôle dans l’un des cinq départements de la Bretagne historique.

Le président de la Société d’émulation des Côtes-d’Armor, Geoffroy de Longuemar, a suggéré qu’il se tienne à Loudéac, où il n’était jamais venu. Il s’inscrit dans la continuité de ceux qui se sont passés à Rennes en 2021, à Carhaix en 2022 et à Guérande en 2023. Les intervenants et les participants ont été accueillis au Foyer municipal de la ville.

Vous pouvez prendre connaissance du résumé de chaque communication et de la biobibliographie des intervenants en cliquant la catégorie “Auteurs” ci-dessus sur ce site, puis un 2e clic sur l’initiale de son patronyme. Chaque fiche, à de rares exceptions près, est illustrée de la photo de l’intervenant et éventuellement d’autres documents .

  • Pour visualiser toutes les photos placées dans la colonne de gauche et prendre connaissance de leur légende, cliquer la première photo.
  • Sauf mention particulière, les photos illustrant cet article sont de FB.

Ouverture du congrès

  • M. Bruno Le Bescaut, maire de Loudéac,
  • Christine Berthou-Ballot, présidente de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne/Fédération des sociétés historiques de Bretagne,
  • et Geoffroy de Longuemar, président de la Société d’émulation des Côtes-d’Armor.
  • Gwenaëlle Kervella, adjointe au maire chargée de la culture, de la communication er du tourisme, que la SHAB et sa présidente Christine Berthou-Ballot remercient particulièrement pour son implication dans l’organisation du congrès.
  • Valérie Videlo-Ruffaut, 1ère adjointe au maire, a par ailleurs reçu les congressistes de la SHAB à la mairie de Loudéac (photo également colonne de gauche).

Déroulement du congrès

  • Entente cordiale entre une présidente et un président
  • 130 personnes se sont inscrites au congrès : vue partielle de l’asssistance
  • Jean-Luc Blaise en président de séance.

Huit femmes ont présenté une communication lors du congrès de Loudéac

L’armée allemande en Bretagne lors de la dernière année de l’Occupation

Yannick BOTREL, La Bretagne à l’heure allemande (été 1943-31 juillet 1944). Organisation et déploiement de l’armée allemande, Morlaix, Skol Vreizh, 2022, 359 p.

Appuyé sur de nombreux dépouillements d’archives militaires (allemandes, françaises, alliées), et judiciaires (bretonnes essentiellement), cet ouvrage de Yannick Botrel, un non-professionnel de la recherche historique (1) éclaire la composition et la localisation des armées allemandes en Bretagne dans la dernière année de l’Occupation, celle de l’intensification de la répression militaire et policière contre la Résistance et la population civile.

Le découpage chronologique défini dans l’introduction interroge. Selon l’auteur, le choix de l’été 1943 serait justifié par le débarquement anglo-américain en Sicile et la probabilité d’un débarquement sur les côtes de la Manche, événement qui, selon lui, aurait provoqué « un réveil de l’opinion publique » en Bretagne (p. 87), affirmation pour le moins discutable quand on connaît l’évolution de cette opinion publique depuis 1940-1941, son rejet immédiat de l’occupant allemand et ses ambivalences étudiées par Pierre Laborie. Reprenant des jugements des sources allemandes et des rapports de préfets, l’auteur tend à assimiler « l’attentisme » de l’opinion à l’attente d’un débarquement des Alliés.

Cette attente d’un débarquement allié est effectivement très forte dans tout le pays tout au long de l’année 1943 mais les espoirs de délivrance sont déçus à la fin de l’été. La présence de l’occupant est de plus en plus mal supportée et le rejet du régime de Vichy, déjà très fort, est consommé avec l’instauration du Service du travail obligatoire (STO) (février 1943). L’arrivée du 74e corps d’armée allemand en Bretagne, en charge de la côte nord, en renfort du 25e corps d’armée commandé par le général Fahrmbacher installé depuis 1940, serait sans doute une explication plus pertinente de cette borne chronologique initiale.

Avec la percée d’Avranches, s’ouvre une autre phase de la guerre en Bretagne

Y. Botrel arrête son étude au 31 juillet 1944, lors de la percée d’Avranches qui permet aux Américains, appuyés par les Forces françaises de l’intérieur (FFI), de libérer la Bretagne en quelques jours hormis les forteresses (Festungen) de Saint- Malo et Brest, prises après de très durs combats en août et septembre 1944, et les deux poches de Lorient et de Saint-Nazaire qui tiennent jusqu’en mai 1945. Pour la Wehrmacht, avec la percée d’Avranches, c’est effectivement une autre phase de la guerre en Bretagne qui s’ouvre, celle de l’évacuation des villes et des littoraux, du départ vers le front de Normandie ou du repli sur les forteresses portuaires. Cette courte période d’août 1944, marquée par de nombreux massacres de résistants et de civils, mériterait effectivement une autre étude.

Les « écrits épars » de François Duine

Ce brillant intellectuel breton, mort il a 100 ans, a laissé des milliers de pages de grand intérêt, accessibles au « fonds Duine » de la Bibliothèque universitaire de Rennes-centre, outre d’autres manuscrits et ex-libris aux fonds anciens rennais de la B. U. de Rennes-Villejean, des Champs Libres, ainsi qu’aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, ainsi que le manuscrit de ses « Souvenirs et observations » déposé à la BNF et publié en 2009.
Passionné de traditions populaires, c’est pour son œuvre de folkloriste que je me suis attaché à le faire connaître par la coédition au printemps prochain chez Dastum & Presses universitaires de Rennes de ses « Contes, légendes, chansons et notes de folklore ».

François Duine : un appel à exhumer ses écrits miroirs

Cela m’avait conduit à faire paraître d’abord ses « Lettres et notes du temps de la Grande Guerre » (éd. À l’ombre des mots, 2023), puis sa biographie « intime et sensible » dans le hors-série du Rouget de Dol, semestriel de l’Association François Duine.
Ce faisant, il m’apparaît de plus en plus qu’il y a un angle mort qui mériterait d’être étudié à son tour, à savoir ses « correspondances ».
S’il a lui-même gardé plusieurs des courriers échangés avec de nombreuses personnalités variées, je soupçonne qu’il en fut de même pour certains d’entre eux…
Je lance donc un « appel pour m’aider à exhumer ces écrits miroirs ».
En est-il qui dormiraient dans les archives de quelques-unes des relations suivies de François Duine ?

Jean-Pierre Mathias

Consulter la liste exhaustive des relations de François Duine et accéder au fichier pdf établi par Jean-Pierre Mathias ou pour le contacter, cliquer les boutons ci-dessous.

Jean-Pierre Mathias


Dominique Sellier, Les champs de menhirs, page 1 de couverture.

Les champs de menhirs du pays de Carnac : question hyper-sensible !

On l’a bien vu lorsqu’a été divulguée en 2023 ce qu’il faut bien appeler « l’affaire » aux multiples facettes de la file de menhirs détruite en vue de la construction d’un magasin de bricolage à Carnac. Des associations et des scientifiques se sont mobilisés. La presse s’en est emparée, et s’en est suivi un emballement médiatique. La polémique a enflé jusqu’à interpeller institutions et élus. La justice s’en est saisie à son tour et des enquêtes sont en cours. Cette affaire se révèle d’autant plus sensible qu’elle a éclaté au moment où l’on vise à obtenir le classement des sites de Carnac au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Dans un tel contexte, il n’est pas sans intérêt de se référer aux publications les plus récentes des archéologues et des chercheurs. L’ouvrage que vient de publier Dominique Sellier aux Presses universitaires de Rennes sur « Les champs de menhirs de Carnac » fait non seulement l’inventaire des théories formulées à leur sujet depuis des siècles, mais il produit une réflexion étayée sur la constitution géologique et géomorphologique du site, la morphologie des menhirs et la patrimonialisation du site.

On le sait peu, mais au XIXe siècle déjà, des menhirs ont servi à la construction de ports et d’un phare, au point que Victor Hugo exprima sa colère. Au XXe siècle, on a aussi concassé des menhirs pour ouvrir des routes touristiques en leur milieu !

Geneviève Le Louarn-Plessix a rendu compte de cet ouvrage incontournable dans le tout récent volume CII des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne (SHAB). Cette recension est désormais accessible en ligne sur le site Bretagne Histoire. À découvrir sur la page des livres d’histoire.

Les alignements de Carnac : une connaissance profonde présentée avec science. Mais demeure une lancinante question

Dominique Sellier. Les champs de menhirs du pays de Carnac, patrimoine archéologique et géomorphologique. Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2023, 384 p.

Comment reprocher à Dominique Sellier de succomber à la tentation – comme tant d’autres avant lui – d’éclairer, à défaut d’éclaircir, le mystère des « alignements de Carnac » qu’en géographe, observateur du paysage, il intitule les « champs de menhirs » ? Le scientifique qu’il est, consacre le long chapitre I (75 p.) à l’inventaire presque complet des théories qui ont fleuri, depuis des siècles, pour expliquer ces étranges alignements de pierres levées : menhirs ou peulven.

Le professeur britannique, son collègue préfacier de l’ouvrage, Chris Scarre, approche de très près leur « signification sans doute religieuse », ce que suggérait, au terme d’une longue analyse géo-structurelle, le paléontologue carnacois Yves Coppens dans le premier film présenté dans le bâtiment d’accueil à Kermario, dans les années 1990 ; film apparemment oublié car D. Sellier ne le cite pas. Comme il ne présente pas, au-delà d’une mention dans l’annexe 1, le programme « d’études et de mise en valeur des sites archéologiques » conçu par l’État (ministère de la Culture, direction du patrimoine) et déclaré d’utilité publique en 1997.

Ce programme d’études, lancé dès 1988, grâce à la loi de Programme sur le patrimoine, avait permis d’engager des études fondamentales, à commencer par le dénombrement des pierres et la levée moderne des plans de l’ensemble des alignements de Carnac, travail de Titan, tant attendu depuis les années 1840 ! 1840, date clé, non pas du « classement au titre des sites » (p. 53 et 59), car la notion juridique n’existait pas1, mais de l’inscription sur une liste générale d’édifices et de bâtiments du royaume nécessitant quelques secours de l’État et classés par ordre d’importance ou de péril. Le 5 avril 1840, la Commission présidée par Ludovic Vitet, le premier inspecteur des monuments historiques, auquel succédera Prosper Mérimée, ajoute les « monuments de Karnac » à cette liste.

Une formidable érudition : comment les menhirs ont-ils pu être dressés à Carnac ?

L’auteur annonce un ouvrage de vulgarisation de sa docte réflexion sur la constitution géologique et géomorphologique du site, la morphologie des menhirs, l’appropriation du lieu au cours de l’histoire, sa patrimonialisation par la puissance publique et le public. Il excelle dans ce qui est le cœur de son métier : l’étude du relief, la pétrographie des menhirs, leur disposition, leurs altérations, leur érosion, la météorisation des surfaces. En 160 pages d’une formidable érudition, on comprend que, sans la géologie et la géomorphologie particulières de Carnac, les menhirs n’auraient pu être dressés à cet endroit.

Cette analyse est fondamentale car, en expliquant le caractère naturellement aligné des affleurements granitiques, elle énonce l’origine des alignements qui se trouvent sur le coteau de Carnac à la limite de la paléo-falaise d’orientation générale sud-est/nord-est qui correspond, elle-même, à l’axe morphologique de ladite falaise (p. 130). En conséquence, c’est l’association des patrimoines mégalithique et géomorphologique qui fait toute la spécificité du lieu (p. 146). Cet aphorisme, résultat d’observations minutieuses, est le leitmotiv de l’ouvrage, des chapitres II à VII.

Des menhirs disposés volontairement par les hommes dans un espace aménagé : une Architecture ?

Dans le chapitre II, D. Sellier plaide avec raison pour une conception géo-archéologique des alignements de Carnac. Car morphologie des pierres levées et géologie de leur substrat rocheux sont en miroir l’une et l’autre. Au-delà de ces relations physiques, l’auteur pressent la mutation des « Pierres de Carnac » conjecturée en 1847 par Gustave Flaubert en menhirs, fruits d’une chaîne opératoire multiple d’interventions humaines (p. 155). Tout historien de l’architecture voit obligatoirement dans ces menhirs disposés volontairement par les hommes dans un espace ainsi aménagé une Architecture.

Les lauréats 2024 des prix du livre d’histoire de Bretagne

Ils ont été décernés le 26 octobre dans le cadre du 35e Festival du livre en Bretagne de Carhaix.

Le premier prix a été attribué à Fanny Bugnon pour son livre L’élection interdite. Itinéraire de Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne (1886-1972), publié aux éditions du Seuil. Fanny Bugnon est chercheuse au laboratoire Tempora et maîtresse de conférences en Histoire contemporaine et études sur le genre à l’Université Rennes 2. Elle a également reçu le prix Augustin Thierry pour ce livre que l’éditeur présente dans les termes suivants :

En 1925, des femmes se présentent aux élections municipales sous la bannière communiste, alors même qu’elles n’ont pas le droit de vote, et encore moins celui d’être élues. Parmi elles, Joséphine Pencalet à Douarnenez, en Bretagne. Fille de marin, elle fait partie de ces sardinières, les Penn Sardin, qui quelques mois plus tôt ont défrayé la chronique pour avoir mené une grève dure, longue et victorieuse. Elle est élue. C’est une première dans la vie politique française. Mais la victoire est de courte durée. L’élection est invalidée et Joséphine Pencalet tombe dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte progressive à la faveur des initiatives de passeurs de la mémoire locale et du renouveau féministe. Mais qui était vraiment Joséphine Pencalet ?

Lors de la remise de son prix, Tudi Kernalegenn, directeur de Bretagne, culture, diversité (BCD) à Lorient, a exposé le choix du jury :

Fanny Bugnon fait œuvre originale par cette biographie de l’ouvrière douarneniste Joséphine Pencalet. Militante syndicale, première femme élue dans un conseil municipal en 1925, devenue une icône du droit des femmes, elle a pourtant laissé très peu de traces dans les archives. Par une utilisation rigoureuse des archives qu’elle interroge avec intelligence et minutie, Fanny Bugnon réussit à démonter certains mythes, une héroïsation de Joséphine Pencalet, tout en retraçant en filigrane la biographie d’une anonyme célèbre. Il s’agit donc d’une contribution originale et stimulante à l’histoire sociale et populaire de la Bretagne, mais aussi à l’histoire des femmes.

  • Saphyr Creston reçoit le deuxième prix d’histoire de Bretagne pour l’ouvrage qu’elle a publié sur son grand-père aux éditions Ouest-France : René-Yves Creston. Artiste Seiz Breur et ethnologue.
  • Le troisième prix est attribué ex æquo à André Cariou pour L’or brun des faucheurs de la mer, aux éditions Coop Breizh, et François de Beaulieu pour Le loup en Bretagne hier et aujourd’hui, aux éditions Skol Vreizh.

À découvrir sur cette page en un clic :  l’organisation du prix et la composition du jury.

Roland Schweitzer, page 1 de couverture

Roland Schweitzer : Modernité et longue durée, par Amandine Diener et Daniel le Couédic

L’architecte Roland Schweitzer (1925-2018), originaire d’Alsace et fasciné par le Japon, fonde son agence à Paris en 1954. Grâce à un vocabulaire élaboré très tôt, dans l’esprit des architectures vernaculaires, il répond à des programmes variés en associant avec rigueur et sensibilité des matériaux laissés bruts.

Le bois a sa faveur : pionnier dans sa réutilisation, il en transmet un usage contemporain à ses élèves. Il ponctue le territoire français de ses réalisations, y compris en Bretagne où il a réalisé les auberges de jeunesse de Trébeurden, Lorient et Brest.

Cette dernière a été inscrite à l’inventaire des monuments historiques en 2018, 35 ans seulement après son inauguration. Auteur prolixe et discret d’une œuvre soucieuse du contexte, durable et atemporelle, Schweitzer a marqué le XXe siècle de sa propre modernité architecturale.

  • Amandine Diener, titulaire d’un diplôme d’État d’architecte, est docteure en histoire de l’architecture et maîtresse de conférences à l’École nationale supérieure d’architecture de Bretagne.
  • Daniel Le Couédic est architecte DPLG, docteur d’État en histoire contemporaine et professeur émérite à l’université de Bretagne Occidentale, où il y a dirigé l’Institut de géoarchitecture et son laboratoire de recherche.

L’ouvrage “Roland Schweitzer : Modernité et longue durée”, 216 p., est publié aux Éditions du patrimoine.

Voir la notice concernant Daniel le Couédic sur la page Auteurs de ce site.

Trois membres de la SHAB au 27e Rendez-vous de l’histoire à Blois

Il se déroulera du 9 au 13 octobre, et c’est l’immense manifestation annuelle à laquelle se pressent chaque année 50 000 festivaliers que passionne l’histoire sous toutes ses formes. Les chiffres donnent presque le tournis :

  • 1 000 intervenants
  • Plus de 600 débats et conférences
  • 150 éditeurs présents
  • 300 auteurs en dédicace
  • 50 films
  • Et plus encore.

Programme complet en un clic sur le site

Histoire de ville, histoire dans la ville

Le thème retenu pour cette 27e édition est la ville. Et c’est ainsi qu’une carte blanche a été attribuée aux Presses universitaires de Rennes pour une table ronde dont la thématique est « Histoire de ville, histoire dans la ville ». Cinq universitaires vont y prendre part :

  • Pierre Allorant, professeur à l’Université d’Orléans
  • Julien Bachelier, professeur agrégé à l’Université de Bretagne occidentale
  • Aubert Gautier, professeur à l’Université de Rennes 2
  • Floran Mazel, professeur à l’Université Paris 1— Sorbonne
  • Gaël Rideau, professeur à l’Université d’Orléans.

Les trois intervenants dont les noms sont écrits en gras sont membres de la SHAB.

La table ronde sera modérée par Pierre-Henry Frangne, directeur des Presses universitaires de Rennes. Elle se tiendra dans la Salle des mariages de l’Hôtel de Ville de Blois.

Pourquoi et comment écrire des histoires de villes qui soient aussi des récits de ville ?


Les PUR ont également un stand dans l’enceinte de la manifestation.

Le livre de Fanny Bugnon sur Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne, primé

À noter que le prix Augustin Thierry de cette 27e édition des rendez-vous de l’histoire à Blois a été attribué à Fanny Bugnon pour son essai « L’élection interdite. Itinéraire de Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne (1886-1972) », paru au Seuil.

Joséphine Pencalet, conseillère municipale avant le droit de vote ! Fanny Bugnon échangera sur ce thème avec Michelle Perrot samedi 12 octobre, à 15h30, au Café littéraire.