RENAULT Élisabeth
Jeanne Malivel en Bretagne
Mon propos sera de replacer les collections du musée de Saint-Brieuc et plus largement les sources et les inspirations de Jeanne Malivel en comparant les mouvements artistiques de la même période en Europe : « Le régionalisme comme idéologie, l’Europe comme idéal. » Et placer ces quelques travaux dans les pas de Daniel Le Couédic, « les sources confluentes de son engagement », d’Olivier Levasseur et de Pascal Aumasson. J’aimerais aussi avoir une pensée particulière pour Philippe Le Stum, son travail d’acquisitions et son ouvrage « La Gravure sur bois en Bretagne 1850-2000 ».
Aligné sur certains des changements majeurs du rôle des musées, reconnaissant l’importance de l’inclusivité, de la participation des communautés et de la durabilité, le musée de Saint-Brieuc continue inlassablement d’évoquer et de convoquer Jeanne Malivel dans les différents projets à travers des actions culturelles qui, tout au long d’une année, permettent de faire découvrir cette artiste auprès d’un large public.
Parmi les actions à destination des publics scolaires avec le dispositif d’Éducation Artistique et Culturelle, je retiens le travail réalisé avec Anaïck Moriceau, artiste et enseignante, qui a porté un magnifique projet autour des Sérigraphies Voyageuses avec deux écoles maternelles de Saint-Brieuc, écoles Guy Ropartz et Grand Clos. Anaïck est également, à la demande de Coline Malivel, auteure des deux retirages de Jeanne Malivel, aujourd’hui à la vente.
Autre temps fort, Le Renversant Carnaval, avec l’artiste Agathe Mercat et les élèves du lycée Jean Moulin Saint-Brieuc, « Métiers de la mode et du vêtement ». Ce projet s’est construit en écho aux collections textiles du musée et en résonance avec l’artisanat du textile et du mouvement artistique Ar Seiz Breur en Bretagne, invitant les élèves à puiser ses ressources dans cette matière par une réflexion anthropologique du vêtement, vecteur d’identité.
Diplômée de l’Université de Haute-Bretagne Rennes 2, spécialisée dans les métiers de l’exposition, la gestion et valorisation du patrimoine, Elisabeth Renault a travaillé au Musée de Bretagne et assuré des commissariats d’expositions pour le Musée des beaux-arts de Rennes et l’Institut Liu Kaigu à Pékin. Responsable durant huit années du service patrimoine de la ville de Cesson-Sévigné, et à ce titre responsable de la collection du sculpteur Jean Boucher (1870-1939) puis directrice du musée d’art et d’histoire de la ville de Saint-Brieuc de 2010 à 2024, elle a récemment été nommée directrice du Musée Mathurin-Méheut à Lamballe.
Elisabeth Renault est, depuis 2020, présidente de l’association Bretagne Musées regroupant l’ensemble des professionnels des 37 musées avec l’appellation Musée de France, en Bretagne.
Les Cahiers de l’Iroise : un hors-série sur Brest et la Jeanne d’Arc, histoire d’une épopée maritime
Ce hors-série n° 12 est un numéro exceptionnel de 194 pages richement illustrées, revenant sur le lien fusionnel et exceptionnel entre la ville de Brest où le porte-hélicoptère fut construit et d’où partirent les 45 campagnes qui menèrent la Jeanne d’Arc à faire à plusieurs reprises le tour du monde de 1964 à 2010.
Quelques chiffres des plus évocateurs :
- 1 760 000 nautiques parcourus (soit 3 300 000 kilomètres),
- 768 escales dans 84 pays,
- 9 tours du monde,
- 10 passages du Cap Horn,
- 110 passages de l’Équateur,
- 31 passages du canal de Suez,
- 33 passages du canal de Panama,
- 1 passage du cercle polaire…
- Contacts & infos societe.etudes29@gmail.com
- Numéro en vente : 25 € à la Librairie Dialogues à Brest et chez Brest Philatélie (18, rue de Lyon)
- Et sur cahiersdeliroise.org : 32 € (port compris)
Les Cahiers de l’Iroise sont publiés par la Société d’études de Brest et du Léon, membre du collège des sociétés historiques de Bretagne au sein de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne.
Conférence 1. La libération de Brest, échanges et vues partagées
- Conférence de Gildas Priol et Lars Hellwinkel
- Passionné d’histoire et journaliste, Gildas Priol est l’initiateur et l’animateur du projet « Mémoires des Résistants et FFI de l’arrondissement de Brest » qui présente aujourd’hui plus de 1 000 fiches biographiques sur internet.
- Lars Hellwinkel, historien allemand, spécialiste de la marine allemande en France occupée. Il a publié en mars 2022 « La base navale allemande de Brest 1940-1944 » (éd. Presses universitaires de Rennes), tiré de sa thèse de doctorat sur le sujet en 2006. Il a reçu pour cet ouvrage la médaille 2023 de l’Académie de Marine
- Jeudi 19 septembre 2024 à 18H00, à l’amphithéâtre Guilcher de la faculté Victor Segalen (Brest).
Conférence 2. La Jeanne d’Arc
- Conférence de l’amiral Bernard Rogel
- L’amiral Rogel a été Chef d’état-major de la Marine et Chef d’état-major particulier du président de la République. Il est l’auteur du livre retraçant ses mémoires « Un marin à l’Élysée », paru en 2023 aux éditions Tallandier.
- Cette conférence sera en outre l’écrin de la présentation du hors-série n°12 des Cahiers de l’Iroise « Brest et la Jeanne d’Arc – Histoire d’une épopée maritime 1964-2010 », un numéro exceptionnel dont l’éditorial est signé du préfet maritime, le vice-amiral d’escadre Jean-François Quérat.
- Ce Cahier regroupe les analyses et les témoignages d’historiens et de marins (voir supra).
- Samedi 21 septembre 2024 à 18H00, à l’auditorium des Ateliers des Capucins à Brest
Loudéac et l’Argoat au cœur du congrès 2024 de la SHAB/FSHB
Le congrès annuel de la SHAB s’est tenu à Loudéac du 5 au 7 septembre 2024. Il revenait aux Côtes-d’Armor de l’accueillir cette année puisque les congrès se déroulent à tour de rôle dans l’un des cinq départements de la Bretagne historique
Le président de la Société d’émulation des Côtes-d’Armor, Geoffroy de Longuemar, a suggéré qu’il se tienne à Loudéac, où il n’était jamais venu. Il s’inscrit dans la continuité de ceux qui se sont passés à Rennes en 2021, à Carhaix en 2022 et à Guérande en 2023. Les intervenants et les participants ont été accueillis au Foyer municipal de la ville.
Vous pouvez prendre connaissance du résumé de chaque communication et de la biobibliographie des intervenants en cliquant la catégorie “Auteurs” ci-dessus sur ce site, puis un 2e clic sur l’initiale de son patronyme. Chaque fiche, à de rares exceptions près, est illustrée de la photo de l’intervenant et éventuellement d’autres documents .
- Pour visualiser toutes les photos placées dans la colonne de gauche et prendre connaissance de leur légende, cliquer la première photo.
- Sauf mention particulière, les photos illustrant cet article sont de FB.
Ouverture du congrès
- M. Bruno Le Bescaut, maire de Loudéac,
- Christine Berthou-Ballot, présidente de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne/Fédération des sociétés historiques de Bretagne,
- et Geoffroy de Longuemar, président de la Société d’émulation des Côtes-d’Armor.
- Gwenaëlle Kervella, adjointe au maire chargée de la culture, de la communication er du tourisme, que la SHAB et sa présidente Christine Berthou-Ballot remercient particulièrement pour son implication dans l’organisation du congrès.
- Valérie Videlo-Ruffaut, 1ère adjointe au maire, a par ailleurs reçu les congressistes de la SHAB à la mairie de Loudéac (photo également colonne de gauche).
Déroulement du congrès
- Entente cordiale entre une présidente et un président
- 130 personnes se sont inscrites au congrès : vue partielle de l’asssistance
- Jean-Luc Blaise en président de séance.
Huit femmes ont présenté une communication lors du congrès de Loudéac
- Fadila Hamelin, doctorante en histoire, laboratoire du LAHM, UMR 6566 CReAAH, Rennes 2, sur “Produire, transporter et vendre. Des granges cisterciennes aux places commerciales, l’exemple de l’abbaye de Bon-Repos”.
- Gwladys Longeard, conservatrice du patrimoine, directrice des Archives départementales des Côtes-d’Armor, sur “Fonds de commerce : un état des sources de l’histoire du commerce en Bretagne”.
- Slaerenn Scuiller, docteure en histoire de l’l’université de Rennes 2, membre de Tempora, sur “Les acteurs du commerce dans les campagnes bretonnes d’après l’enquête de 1767”.
- Élisabeth Renault, directrice du musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc , sur “Jeanne Malivel en Bretagne”.
- Marianne Raguénès, doctorante en histoire de l’art, Centre de recherche bretonne et celtique (UBO, Brest), sur “Le commerce du meuble néo-breton de 1870 à 1930”.
- Isabelle Guégan, docteure en histoire moderne au Centre de recherche bretonne et celtique (UBO, Brest) sur “Vendeurs, mais aussi acheteurs. Le rapport au marché des paysans bas-bretons au XVIIIe siècle”.
Loudéac et son pays
Six communications ont été présentées sur cette thématique, dont une renseignée supra.
- Jean Martin, docteur en histoire moderne, vice-président de la Société d’émulation des Côtes-d’Armor, sur “Le marché aux toiles de Loudéac”.
- Yann Lagadec, agrégé et docteur en histoire (Rennes 2), détaché à l’Académie militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan, sur “Libérer le Centre Bretagne : résistants, parachutistes et troupes américaines à l’été 1944”.
- Olivier Levasseur, Une artiste d’avant-garde ancrée dans un territoire : Jeanne Malivel et Loudéac
- Catherine Bizien-Jaglin, archéologue, directrice du Centre régional d’archéologie d’Aler, sur “Archéologie aérienne au pays de Loudéac”. Voir une autre photo colonne de gauche.
- Fañch Broudic, docteur en civilisation de la Bretagne (histoire et sociolinguistique), et Anne Diaz, docteure en anthropologie, sur “L’évolution de la limite linguistique entre Haute et Basse-Bretagne, usages des langues et représentations”.
Commerce et commerçants en Argoat
Neuf communications ont été présentées sur cette thématique lors du congrès, dont celles déjà renseignées supra.
- Yann Le Herissé, arrière petit-fils et petit-fils de pollotous(es) en Normandie, professeur d’histoire-géographie, sur “Les pillotous du grand Ouest (1796-1970). Aperçu de recherches d’une thèse d’histoire contemporaine”.
- Patrick Galliou étant excusé, c’est Philippe Guigon, secrétaire de la SHAB qui a présenté sa communication sur “Par les mers, les fleuves et les routes : commerces et commerçants de l’Armorique romaine”.
- Brice Rabot, agrégé d’histoire et chercheur associé au Centre de recherches en histoire internationale et Atlantique (CRHIA, Université de Nantes) et au Centre d’études supérieures de civilisation médiévale (CESCM, Université de Poitiers) sur “Les échanges de marchandises dans les campagnes bretonnes méridionales aux XIVe et XVe siècles”.
- Philippe Lahellec est inscrit en doctorat d’histoire à Rennes 2, sur “L’influence des relations économiques et commerciales terrestres de Morlaix sur son tissu urbain du XVe au XVIIe siècle”
- Étienne Clouin, doctorant en archéologie, sur “Mine et métallurgie en Mené : les hommes et le fer autour de la forêt de la Hardouinais, de l’Âge du fer au XIXe siècle”.
Visites et excursions
Le vélodrome de Bretagne à Loudéac
Visiter le tout récent vélodrome international de Loudéac, c’est entrer dans l’histoire immédiate, celle de la ville et du pays de Loudéac assurément, mais aussi celle du cyclisme en Bretagne. Il s’appelle d’ailleurs officiellement Vélodrome de Bretagne. Le montant de l’investissement s’est élevé à 13 M€. L’inauguration est intervenue en décembre 2023, la première compétition nationale de cyclisme sur piste en avril 2024.
Les congressistes ont été accueillis par Alain Bosson, conseiller municipal à Loudéac et Wilfrid Odic, des services de la Communauté de communes.
Les membres de la SHAB ont découvert la superbe piste bois de 200 mètres, 6,5 mètres de large et des virages à 46°. L’aire centrale peut également accueillir d’autres compétitions sportives et divers événements.
Aux premières loges, Bruno Isbled, président d’honneur de la SHAB, et Philippe Charon, directeur des Archives départementales de Loire-Atlantique, ont pu assister à un entrainement.
La Chèze : visite du château
Elle s’est faite en compagnie de Patrick Kernevez, maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Bretagne occidentale, et spécialiste en architecture des mottes, manoirs et châteaux.
Situé sur la commune de La Chèze, il n’en subsiste que des ruines : des éléments de courtine, la base de deux tours circulaires, deux poternes permettant d’accéder à la cour centrale par un escalier en forme de boyau et un donjon polygonal de 17 mètres de haut.
Le château a été édifié au XIIe siècle par Eudon II, puis deux fois remanié, dont la dernière fois par Jean II de Rohan. Il est inscrit depuis 2005 au titre des monuments historiques.
Plémet : l’église paroissiale Notre-Dame de La Ferrière
Cécile Oulhen est conservatrice des monuments historiques à la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne) de Rennes. Elle a guidé les membres de la SHAB tout au long de la visite de l’église, située aujourd’hui sur la nouvelle commune de Plémet.
Elle est connue comme datant initialement du XIIe siècle avec des vestiges du XVIe et une première reconstruction au XVIe. Elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis 2007. Elle est construite en forme de croix latine dissymétrique, avec un transept nord doublé d’une chapelle.
Autres photos colonne de gauche.
Le doyen des congressistes de la SHAB : un historien gallois
Dr Gwyn Meirion Jones
Professeur à la London Metropolitan University, 1969-1989, professeur émérite, 1989 ; professeur d’archéologie, Reading University, 1995-2007.
Anrhydedd a diolch
Enor ha trugarez
Honneur et merci
LEVASSEUR Olivier
Une artiste d’avant-garde ancrée dans un territoire : Jeanne Malivel et Loudéac
Olivier Levasseur a présenté une communication sur ce sujet lors du congrès de la SHAB à Loudéac en septembre 2024.
Artiste pluridisciplinaire, Jeanne Malivel est née en mai 1895 à Loudéac au sein d’une famille négociante, catholique et ouverte à la modernité. Ses parents vont encourager Jeanne à suivre une formation artistique qui la mènera à suivre les cours de l’académie Julian, afin de préparer le concours d’entrée à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts qu’elle passe avec succès à deux reprises.
Jeanne Malivel n’aime pas Paris et rentre dès qu’elle le peut à Loudéac. Elle y revient définitivement en 1921, lorsqu’elle y installe son atelier. Cette période correspond à une intense créativité inspirée par son environnement : la vie loudéacienne, les paysages, les hommes et les objets sont pour elle des sources majeures de son œuvre. Ses racines loudéaciennes vont lui fournir l’essentiel de son inspiration artistique.
Même lorsqu’elle est nommée enseignante à l’école des Beaux-Arts de Rennes à partir de janvier 1923, elle ne réside pas dans la capitale bretonne et multiplie les allers-retours. C’est à Loudéac qu’elle réside lors de l’aventure des Seiz Breur et de l’exposition de 1925. Elle y rencontre son mari et qse marie en juillet 1925. Elle quitte la ville pour s’installer à Vitré en septembre 1925 et c’est à Rennes qu’elle décède un an plus tard à l’âge de 31 ans.
Olivier Levasseur est docteur en histoire moderne, chercheur associé au CRBC. Il a publié de nombreux articles sur l’histoire maritime et les pêches côtières et l’ostréiculture sur les côtes bretonnes aux XVIIIème et XIXème siècles. Son autre champ de recherche concerne les artistes ayant travaillé en Bretagne et notamment le groupe des Seiz Breur.
LAHELLEC Philippe
L’influence des relations économiques et commerciales terrestres de Morlaix sur son tissu urbain du XVe au XVIIe siècle
Philippe Lahellec a présenté une communication sur ce sujet lors du congrès de la SHAB à Loudéac en septembre 2024.
Située en fond de ria, à la rencontre du Queffleuth et du Jarlot, au premier gué, la ville de Morlaix trouve dans sa situation de carrefour maritime et terrestre la clef de son développement économique et urbain. L’historiographie a ainsi insisté à l’envi sur l’importance du commerce des toiles de lin produites dans son arrière-paysn, ce développement, trouvant dans le marché anglais son principal débouché jusqu’à la fin du XVIIe siècle.
Mais si la ville était un port marchand, elle était aussi, naturellement, une ville d’entrepôts, de boutiques, d’échoppes et de marchés : autant d’activités économiques qui, épousant les contraintes du terrain, irriguèrent son développement urbain.
Comprendre comment l’urbanisme de Morlaix a pu être marqué par les activités économiques et commerciales terrestres qu’elle draina entre la fin du Moyen Âge et l’époque moderne permet de mieux cerner l’aspect de la ville d’alors dans sa dynamique et son évolution.
Philippe Lahellec prépare une thèse sur Morlaix, des bourgs médiévaux à la ville du XVIIIe siècle. Évolution morphologique d’une ville portuaire du duché de Bretagne, au sein du CReAAH « Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire » Unité Mixte de Recherche (UMR) 6566.
LE HERISSE Yann
Les pillotous du grand Ouest (1796-1970). Aperçu de recherches d’une thèse d’histoire contemporaine
Yann Le Herissé a présenté une communication sur ce sujet lors du congrès de la SHAB à Loudéac en septembre 2024.
À l’heure des questions environnementales et du développement durable, le phénomène des pillotous est plus actuel que jamais avec leurs capacités à récupérer, valoriser, transformer et recycler certains produits. En Bretagne, il existe deux termes pour désigner les chiffonniers, tout d’abord le nom pilhaouer qui vient de « pilhoù » signifiant chiffon en breton. Yann Ber-Kemener a traité le sujet essentiellement dans le Finistère qui était leur secteur de prédilection.
Quant au terme pillotou, il se rattache au pays gallo, où les « pillotsé » désignaient les chiffons. L’abbé Jean Le Rétif et Roger Toinard ont abordé le métier dans le cadre du village de Lanfains et dans celui de l’émigration costarmoricaine du point de vue des espaces de départ. En 2001 et 2002, les recherches de Yann Le Hérissé à l’université du Havre portaient sur les pillotous(es) en Normandie avec cette fois un regard sur les espaces d’accueil mettant en avant de nouveaux aspects.
Il est assez aisé de réaliser l’histoire des grands hommes au regard de la pluralité des sources. En revanche, retracer le parcours d’inconnu(e)s l’est moins. Alors pourquoi ne pas suivre ces pillotous(es), anonymes de l’histoire qui ont parcouru au XIXe-XXe siècles tout le grand Ouest ? À partir d’une base de données d’au moins 2 000 pillotous(es), d’une centaine de témoignages oraux, de sources locales, départementales, familiales, militaires, iconographiques…, il est possible d’étudier la question d’une migration professionnelle qui maintenait des liens très forts avec les villages d’origine.
Ces hommes, ces femmes, ces adolescent(e)s, qui ont marqué les mémoires, ne savaient pas toujours très bien lire, mais parfaitement compter pour vivre et réussir. Ainsi, Lanfains, Saint-Brandan et Plœuc-sur-Lié ont été de véritables viviers pourvoyeurs de travailleurs(euses) ayant un savoir-faire commercial très aiguisé au sein de réseaux multiples. Les pillotous(es) seront abordés à travers différentes méthodes et champs disciplinaires (histoire, géographie, économie, sociologie, ethnologie, anthropologie).
Yann Le Herissé est arrière-petit-fils et petit-fils de pillotous(es) de Ploeuc-sur-Lié installés en Normandie. Il est professeur d’histoire-géographie au lycée Guillaume Le Conquérant de Lillebonne (76). Il prépare une thèse d’histoire contemporaine sous la direction de Jean Le Bihan (Université de Rennes 2). Le sujet des pillotous(es) le passionne depuis plus de vingt ans.
RAGUENES Marianne
Le commerce du meuble néo-breton de 1870 à 1930
Marinne Raguenes a présenté une communication sur ce sujet lors du congrès de la SHAB à Loudéac en septembre 2024.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous l’influence artistique et politique du Second Empire, naît en Bretagne un mobilier éclectique de style Henri II agrémenté de scènes de vie champêtre. Ces meubles que l’on nomme pour des raisons de facilité néo-breton, semblent avoir jusqu’aux années 1980 généré une véritable industrie dans la région.
Le 2 mars 1913, dans le journal Le pays breton, on pouvait lire : « Dans les trois départements bas-breton : Morbihan, Finistère et Côtes-du-Nord, plus de cinquante ateliers fabriquent maintenant du meuble dit breton (Charles géniaux, « Le mobilier Provincial français », dans Le pays Breton, 2 mars 1913, p.1. »)
Neuf ans plus tard, dans un numéro spécial de la revue La Vie à la Campagne consacré aux meubles de la région, le critique d’art Maurice Facy signalait onze centres principaux concernés par cette production : Auray, Pontivy, Melrand, Lorient, Quimper, pour le Morbihan, Morlaix, Redon, Rennes, Saint-Servan pour l’Ille-et-Vilaine, Dinan et Quintin, pour les Côtes-d’Armor.
La multiplication de ces ateliers s’observe également à l’échelle des villes. À Auray, par exemple, ils sont nombreux à s’être côtoyés, concurrencés et parfois même copiés. Si la profusion et le développement de ces ateliers attestent de l’engouement suscité par cette production, elle questionne en revanche sur sa commercialisation.
- Comment autant d’ateliers pouvaient-ils se concurrencer ?
- Quelles étaient leurs stratégies de communication ?
- Où se passaient les ventes ?
- Qui étaient leurs clients ?
- Ces derniers étaient-ils originaires de la région ou venaient-ils d’ailleurs ?
- Comment les meubles étaient-ils acheminés ?
Autant de questions sur lesquelles nous proposons de nous pencher en nous appuyant sur différents documents d’archives.
Marianne Raguénès est doctorante en histoire de l’art au Centre de recherche bretonne et celtique. Sous la direction de Nelly Blanchard (UBO, Brest) et de Pascal Bertrand (Université de Bordeaux Montaigne), elle prépare une thèse sur Création, fabrication, diffusion et réception du mobilier sculpté de style dit néo-breton (1865-1930).
SCULLIER Sklaerenn
Les acteurs du commerce dans les campagnes bretonnes d’après l’enquête de 1767
Sklaerenn Scullier a présenté une communication sur ce sujet lors du congrès de la SHAB à Loudéac en septembre 2024.
En 1767, dans la lignée des enquêtes sur les arts et métiers, l’intendance de Bretagne mène une enquête sur les métiers qui ne sont pas en jurande. Dans cette province où l’exercice de la majorité des professions est libre, cette source, qui recense les acteurs du commerce des paroisses de 250 feux et plus, soit 290 localités dont la plupart sont rurales, est d’un grand intérêt pour saisir les commerçants des campagnes de la péninsule.
Cette communication se propose d’interroger le nombre des acteurs du commerce présents dans les villages bretons et de réfléchir aux logiques d’implantation de ces derniers, tout en questionnant la nature et la pluralité des activités exercées par les acteurs inventoriés.
Sklaerenn Scuiller est docteure en histoire moderne. Après avoir soutenu une thèse intitulée Le commerce alimentaire dans l’Ouest de la France au XVIIIe siècle : territoires, pratiques, acteurs (Université Rennes 2, 2015), elle consacre ses recherches à l’histoire des circulations alimentaires en Bretagne à l’époque moderne. Elle est actuellement chargée de cours à l’université Rennes 2 et professeure d’histoire-géographie au Lycée Beaumont (Redon).
HAMELIN Fadila
Produire, transporter et vendre. Des granges cisterciennes aux places commerciales, l’exemple de l’abbaye de Bon-Repos
Fadila Hamelin a présenté une communication sur ce sujet lors du congrès de la SHAB à Loudéac en septembre 2024.
Fondée en 1184 par Alain III de Rohan et Constance de Penthièvre, l’abbaye de Bon-Repos s’implante au nord de la vicomté de Rohan avant d’étendre ses possessions plus au sud. Elle possède dès la fondation l’exemption des taxes et des coutumes sur toute la vicomté et une foire attestée en 1245 à la Porte-aux-Moines.
À l’occasion du règlement d’un contentieux entre les religieux et les officiers du vicomte en 1280, on apprend que les religieux commerçaient à Corlay, Gouarec, Saint-Léon et Pontivy. S’étendant à Loudéac, le réseau de leurs maisons de ville est renforcé par la présence de granges monastiques à proximité.
Ces possessions rurales et urbaines sont l’occasion de réaliser des échanges commerciaux, mais aussi d’y gérer des hospices et une école. Enfin, à l’échelle de leur temporel, de nombreux indices montrent un réseau commercial à dimension régionale.
Fadila Hamelin est doctorante en histoire sous la direction de Pierre-Yves Laffont à Rennes 2, laboratoire du LAHM, UMR 6566 CReAAH. Titre provisoire de la thèse : « Les granges cisterciennes en Bretagne (XIIe-XVIIe siècle). Les exemples des abbayes de Bégard, Bon-Repos, Boquen, Coatmalouen, Le Relec et Saint-Aubin-des-Bois ».