Bretagne Histoire : un site intuitif
La SHAB avait déjà son site internet, mais on ne pouvait pas aisément deviner que c’était celui de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne. Il a donc été décidé de lui trouver une nouvelle appellation en associant les deux termes Bretagne et Histoire, tout simplement. Ce nouveau site vise dès à présent à devenir le point de rendez-vous de tous les historiens, chercheurs et amateurs, qui s’intéressent à l’histoire de la Bretagne et à son archéologie, qu’ils résident dans l’un ou l’autre des cinq départements bretons ou ailleurs en France et à l’étranger.
Un site en phase avec les nouveaux standards du web
Bref, votre nouveau site se veut attrayant et dynamique, en phase avec les nouveaux standards du web. La navigation devrait être fluide et intuitive, avec des onglets faciles à repérer et des liens internes ou externes plus nombreux.
De plus, une large place sera dédiée à l’illustration. Selon le cas, vous pourrez y découvrir des photos, des reproductions d’images ou de documents anciens, des cartes.
Attention : le précédent site de la SHAB ne disparaît pas
Surtout pas ! Car c’est sur ce site que vous allez pouvoir continuer à consulter les archives des articles publiés dans les Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne depuis sa création. La SHAB a en effet été créée il y a un peu plus de cent ans, en 1920. Chaque année, depuis, elle a publié des Mémoires et des Bulletins.
Tous les articles depuis les débuts (à l’exception de ceux des cinq dernières années) ont été numérisés : on peut toujours les consulter en ligne à la même adresse : https://www.shabretagne.com
Pour y accéder directement : cliquer l’onglet “Archives” ci-dessus, sur le site Bretagne Histoire.
Pour préparer votre recherche, télécharger la table des Bulletins et Mémoires de la SHAB 1920-2020
Actes du congrès de Pornic, 6-8 septembre 2018
- Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, tome XCVII, 2019.
- Histoire de Pornic et du Pays de Retz
- Patrimoine de Pornic et du Pays de Retz
- Les transformations paysagères du littoral
- Varia
- Comptes rendus bibliographiques
- Publications des sociétés historiques de Bretagne
L’archéologie aérienne : des milliers de découvertes
Cette forme de recherche a montré son potentiel en Bretagne depuis la sécheresse – alors jugée exceptionnelle – de 1976. Le repérage s’effectue grâce aux différences chromatiques engendrées par les variations de croissance des plantes. Une poignée de prospecteurs aériens a découvert plus d’une dizaine de milliers d’occurrences inédites, les plus anciennes remontant au Néolithique, ainsi à La Hersonnais en Pléchâtel (35), daté par sa fouille de la première moitié du IIIe millénaire.
Les nombreux sites de l’âge du Fer
L’âge du Bronze, connu jusque-là par des tumulus à destination funéraire, offre essentiellement des promontoires barrés de fossés interrompus. Les sites de loin les plus nombreux appartiennent à l’âge du Fer, avec des sites défensifs, mais surtout des enclos à fossés multiples, parfois très vastes et complexes : la péninsule armoricaine, ainsi loin d’être couverte d’une impénétrable forêt, comprenait également des oppidums et un réseau viaire antérieur aux voies antiques.
La période gallo-romaine se caractérise aussi par des vestiges en dur, villas ou temples. Enfin, le Moyen Âge montre des sites fortifiés (mottes) et religieux (défrichements). La fin de cette période voit les débuts de la mise en place du bocage, partiellement détruit lors des remembrements contemporains.
Bibliographie
Maurice Gautier, Philippe Guigon, Gilles Leroux (dir.), Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Rennes, Presses universitaires de Rennes, octobre 2019.
Une contribution majeure à la diffusion de la recherche historique
La SHAB publie chaque année un volume qui reprend les textes des interventions faites au congrès de l’année précédente : ce sont les Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne. Par les articles inédits qu’ils contiennent, ces Mémoires contribuent à la diffusion de la recherche historique en Bretagne.
Tous les adhérents de la SHAB reçoivent de droit un exemplaire de ces Mémoires.
Ils sont également vendus à qui le demande au siège de la Société.
Par ces contributions, au nombre d’une vingtaine chaque année, parfois plus, ces Mémoires représentent un apport essentiel à la diffusion de la recherche historique en Bretagne.
Les ouvrages édités par la SHAB ou en coédition : présentation
Outre les Mémoires qu’elle publie à la suite de ses congrès annuels, la SHAB mène une politique éditoriale de qualité, publiant des ouvrages fondamentaux pour l’histoire de la Bretagne.Les premiers statuts de la SHAB, en 1920, dans leur article 9, stipulaient qu’elle “pourra(it) publier une collection de textes ou de travaux dépassant le cadre des Mémoires“. Charles de Calan, le dernier président de la Société des bibliophiles bretons, fondée par Arthur de La Borderie en 1877 et dissoute à cette époque, avait formulé le souhait que l’héritage scientifique prestigieux de cette société fût repris et continué par la SHAB.
Ce n’est qu’en 1960, que ce vœu put être réalisé avec la publication par Henri Waquet des Mémoires du chanoine Jean Moreau sur les guerres de la Ligue en Bretagne, dotée d’un index par Jacques Charpy. Ainsi était créée la collection dont le nom Archives historiques de Bretagne.
Les Presses universitaires de Rennes et la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne ont lancé au congrès de Nantes en 2014 une nouvelle collection de Sources médiévales de l’histoire de Bretagne, codirigée par Yves Coativy, Philippe Charon et Florian Mazel, dont le premier volume fut l’édition des Actes de Pierre de Dreux par Marjolaine Lemeillat.
La collection s’est enrichie depuis lors de plusieurs autres volumes, le dernier (no 11) étant paru en 2023 sous la direction de Jean-Michel Cauneau et Dominique Philippe, “Le Roman de Monsieur Sylvestre” (1378). La geste des Bretons en Italie par Guillaume de la Penne, suivie de la Membrance du pape Clément VII.
Compilation des cronicques et ystoires des Bretons
Karine Abélard, Compilation des cronicques et ystoires des Bretons, Rennes, Presses universitaires de Rennes / Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2018, coll. “Sources médiévales de l’histoire de Bretagne”, no 8, 2018.
À la fin du XVe siècle, Pierre Le Baud achève la première version de sa Compillation des cronicques et ystoires des Bretons, rédigée sur commande de Jean de Derval, seigneur de Châteaugiron, dont il est le secrétaire particulier. Pierre Le Baud est le premier historien breton dont l’ambition est d’élaborer «une matière de la Petite Bretagne», à l’instar de celles de France, de Rome ou de Grande-Bretagne. Depuis l’épisode du déluge jusqu’à la mort du duc Arthur III de Bretagne survenue en 1458, le lecteur découvre un texte fondateur centré sur la politique intérieure bretonne, mais aussi des récits rappelant les relations tumultueuses que la Bretagne a entretenues avec la France et l’Angleterre, notamment lors de la guerre de Cent Ans.
Pour en savoir plus : Compilation des cronicques et ystoires des Bretons
Auguste Brizeux, la découverte d’une entité remarquable
Joseph RIO, Auguste Brizeux, 1803-1858. Inventeur de la Bretagne ?, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2021, 264 p.
Auguste Brizeux, inventeur de la Bretagne ? Inventeur ? Un inventeur, en bon français, et au sens le plus courant est un individu qui met au point une nouvelle technique : Gutenberg a inventé l’imprimerie, les frères Montgolfier la montgolfière et Clément Ader, le méconnu, est le véritable inventeur de l’avion. Mais le mot a plusieurs sens : juridiquement, l’inventeur d’un trésor est celui qui découvre le trésor. Il ne l’a pas « inventé » puisque le trésor existait déjà. Laissons de côté les « inventeurs d’histoires ». Si Brizeux est l’inventeur de la Bretagne, ce ne peut être que dans le second sens parmi ceux que nous venons de lister. Il a «découvert» une entité remarquable, digne des plus grandes attentions et l’a fait connaître à une multitude de personnes qui en avaient une ignorance complète. Nous sommes ici assez proches de la vérité.
La double image de la Bretagne avant le XIXe siècle
Géographiquement, administrativement, économiquement, la Bretagne avait, avant le XIXe siècle, une existence réelle doublée d’une image complètement fantasmée, celle d’un pays de sauvages incultes, peut-être par certains côtés pittoresques, mais qui ne méritait pas une grande attention de la part de la bonne société et des gens éduqués. Quand Stendhal visite la Bretagne, il est épouvanté d’un certain nombre des choses qu’il découvre, par exemple, la marée qui lui paraît le comble de la laideur. Tout cela exige de faire table rase du rôle qu’a pu jouer la province dans l’histoire de la France, mais, l’oubli étant une vertu essentielle de l’esprit humain, l’opération est relativement facile.
Pourtant, à la fin du XVe siècle, Anne de Beaujeu avait jugé capital de marier son jeune frère Charles (VIII) à la duchesse Anne, ce mariage ayant entraîné l’abandon de la dot prévue de Marguerite de Bourgogne qui comprenait une partie des Flandres, beaucoup plus riches que la Bretagne. Cela devait avoir un sens.
Pourtant, deux siècles plus tard, le bon La Fontaine pouvait écrire :
« Le phaéton d’une voiture à foin
Vit son char embourbé.
Le pauvre homme était loin
De tout humain secours.
C’était à la campagne
Près d’un certain canton de la basse Bretagne,
Appelé Quimper-Corentin.
On sait assez que le Destin
Adresse là les gens quand il veut qu’on enrage.
Dieu nous préserve du voyage ! »
Cette image demeura très longtemps collée à la peau de la malheureuse Bretagne, pour autant qu’une province ait une peau…, alors même que ses productions textiles s’exportaient dans le monde entier avec le tampon « Bretagne véritable ». La Révolution ne contribua pas à l’améliorer, le Breton étant assimilé au personnage du chouan sauvage, luttant peut-être courageusement, mais pour une cause perdue, du moins aux yeux de ceux que l’on n’appelait pas encore les intellectuels parisiens. L’image de la Bretagne demeure, partiellement en tout cas, négative chez Balzac, Flaubert, Hugo. Elle va persister encore des décennies dans la littérature populaire, enfantine, donnant le personnage de Bécassine ou de Lilette Léveillé à Craboville. Et on pourrait citer, si la place n’était pas mesurée, des discours dix fois plus invraisemblables.
Le type presque caricatural du littérateur de province ?
Revenons donc à Brizeux. Auguste Brizeux, né à Lorient, écrivain, poète surtout, « ami » de Vigny et de Hugo, compagnon de nombreux jeunes « intellectuels » parisiens, comme on ne disait pas à l’époque, représente un type presque caricatural du littérateur de province, bohème ou besogneux, tentant de « faire sa place » dans la capitale, et y parvenant plus ou moins. Voyageur, principalement en Italie, mort à 55 ans de la tuberculose, c’est peu dire qu’il incarne une figure reproduite en son temps à de nombreux exemplaires, hors de tout jugement sur la qualité de l’œuvre. Poète « maudit » comme Tristan Corbière ? Pas vraiment, il eut à son époque un certain succès public avant de tomber dans un (quasi) oubli, disons-le, pas tout à fait injustifié.
Sans doute fait-il partie des « inventeurs » de la Bretagne, comme le souligne l’auteur, des inventeurs de la première génération avec Souvestre, Luzel, La Villemarqué, Laurens de La Barre, Édouard Turquéty, ou des « inventeurs » de la seconde, pour autant qu’on puisse être un « inventeur en second », Anatole Le Braz, Adolphe Orain, La Borderie, Charles Le Goffic et autres. Sachant que deux « Bretons » majeurs, Chateaubriand et Lamennais, sont, de même que Renan, peu intervenus sur la Bretagne. Qu’ont-ils donc « inventé » ? L’image, la représentation d’un pays, d’un peuple, telles qu’elles puissent se présenter comme dignes d’intérêt, méritant considération et respect de la part de ceux qui, jusqu’alors, avaient traité la Bretagne avec quelque mépris.
Les Bretons en 1845, synthèse de la pensée de Brizeux
L’ouvrage se présente sous la forme d’un diptyque. Une première partie, soixante-neuf pages, retrace la vie d’Auguste Brizeux selon une démarche très chronologique. D’abord, un « acte un » intitulé « S’inventer ? », où sont décrites les années de jeunesse du futur écrivain, son éducation, déjà en partie bretonnante, son départ pour Paris, ses premières relations avec de grands écrivains, poètes ou intellectuels tels que Vigny ou Félicité de Lamennais, enfin la publication de la première grande œuvre, Marie, avec le succès que cet ouvrage, sans doute étrange aux yeux de l’intelligentsia parisienne, connut dès sa publication. Puis vient un premier « intermède » qui voit Brizeux parcourir l’Italie, et à nouveau les chemins de sa Bretagne natale. Un « acte deux » nous le montre de retour à Paris, se mêlant cette fois de près aux intellectuels bretons déjà présents dans la capitale, Le Gonidec ou La Villemarqué.
« L’acte trois » est consacré à la production des grandes œuvres, et notamment de Les Bretons, ouvrage paru en 1845 et qui représente en quelque sorte l’acmé et la synthèse de la pensée de Brizeux. Enfin, « l’intermède final » se déroule sur une longue période de treize ans, de 1845 à 1858, et nous fait suivre un Brizeux malade, dont l’œuvre est pratiquement achevée et qui traîne sa misère et ses maladies au milieu d’un environnement certes point trop négatif pour l’écrivain et le poète. Période ponctuée d’actes de reconnaissance divers, de la part des écrivains français, de ses amis bretons, mais aussi de tous ceux qui commençaient à vouloir faire revivre les langues et cultures régionales et d’abord les poètes provençaux, les félibres, Mistral au premier chef, qui reconnurent en lui un contemporain, un poète de leur taille, un compagnon, un ami. Victime de la tuberculose, le mal du siècle, c’est justement au soleil du midi, à Montpellier, qu’il alla finir sa vie.
La deuxième partie du livre, de loin la plus longue (169 pages) est formée par de longs extraits des principales œuvres d’Auguste Brizeux, d’abord Marie (1832), abondamment citée, puis La Harpe d’Armorique (1844), donnée ici en édition bilingue, ensuite La Fleur d’or (1853), puis les Histoires poétiques, de 1855, avec notamment des extraits des « Écoliers de Vannes » et l’adresse précieuse et caractéristique, « Aux poètes provençaux ».
Enfin près de quatre-vingts pages sont consacrées à l’ouvrage majeur de Brizeux, Les Bretons (1845), où il se montre par-dessus tout le poète, le peintre, « l’inventeur » de la Bretagne. Rappelons toutefois que Les Bretons ne furent publiés que neuf ans après Les derniers Bretons (1836) de son quasi-contemporain, Émile Souvestre, autre « inventeur » de la Bretagne, ouvrage d’ailleurs beaucoup plus composite (plus varié) que Les Bretons, mêlant descriptions géologiques, géographiques, historiques et économiques (relevant souvent d’hallucinants stéréotypes d’époque…) aux transcriptions de « vieilles chansons » populaires.
Le livre se conclut par deux annexes. La première, « Que sait-on de Marie ? », s’interroge sur le personnage réel qui fut à la source du poème ; la seconde, « La légende des origines des Bretons armoricains », a pour but d’éclairer quelque peu les allusions parfois obscures formées par Brizeux quant aux origines de son peuple, forcément obscures tant elles relèvent de salmigondis légendaires, procédé à vrai dire courant au XIXe siècle et qui ne concerne pas que le seul Brizeux.
Un de ces intellectuels besogneux du XIXe siècle, errant entre leur province et Paris
Au bout du compte, quel bilan faire de l’ouvrage ? Il a certainement le mérite d’attirer l’attention sur un des « grands ancêtres » un peu oubliés. Dans l’histoire de la Bretagne contemporaine, la période de « l’invention » est bien sûr décisive. Elle précède et, dans une certaine mesure, suscitera la deuxième phase que sera, à partir de l’extrême fin du XIXe siècle, l’émergence de ce que l’on appellera, d’un terme général, le nationalisme breton. Ce dernier ayant été quelque peu abîmé par la Seconde Guerre mondiale (ou s’étant abîmé lui-même), il s’effacera (en grande partie) devant l’étonnant, et à vrai dire inattendu, essor économique de la province à partir de la fin des années 1950, essor qui va se doubler au milieu des années 1970 d’une mutation politique, un radical basculement à gauche, tout aussi inattendue. Ce bouleversement économique aurait sans doute désolé Brizeux :
« Ô Dieu, qui nous créa, ou guerriers ou poètes Sur la côte marins, et pâtres dans les champs Sous les vils intérêts ne courbe pas nos têtes, Ne fais pas des Bretons un peuple de marchands ! Nature, ô bonne mère, éloigne l’Industrie ! » (Élégie de la Bretagne, 1857, p. 170). Souvestre, au contraire, appelait à peupler le pays de vastes établissements industriels…
De la Bretagne, Brizeux trace donc un dessin qui est bien le même que celui fourni par moult premiers « inventeurs » (pas tous) et qui perdurera assez longtemps après eux, celle d’un pays, pour reprendre son expression, de pâtres et de marins, assumant glorieusement leur misère, et redoutant la mort qu’ils savent pourtant inévitable. La quatrième de couverture de l’ouvrage indique que Brizeux aurait livré de la Bretagne « l’image inattendue d’une Bretagne paisible et souriante ». Très partiellement. L’Ankou, les morts qui envahissent le monde des vivants, le 1er novembre et la baie des Trépassés y occupent aussi une bonne place ! Et image volontairement archaïque. Hostile au monde moderne. Voir les vers horrifiés qu’il consacre à l’arrivée du chemin de fer, « le grand destructeur ». Mais même le clergé est accusé de se soumettre honteusement à la modernité (« Aux Prêtres de Bretagne », p. 154).
Il n’est pas sûr que cette Bretagne-là ait vraiment correspondu à une réalité complète, même à l’époque. Écrivant quelques années seulement après Brizeux, Jean-Marie Déguignet nuance fortement cette peinture. Les habitants ne passaient pas leur temps à guetter l’apparition de l’Ankou derrière chaque menhir ni à écouter si les essieux de la charrette de l’intéressé étaient suffisamment grinçants. Ni les bergers bretons à conter fleurette aux bergères. Les Bretons du peuple dont on peut esquisser la silhouette à travers les documents d’archives, par exemple judiciaires, sont parfois très éloignés de cette vision ou rousseauiste ou mortifère.
Disons quand même que l’intérêt, réel, que l’on peut attacher à Brizeux est avant tout historique. Il est bien l’un des personnages majeurs de « l’invention de la Bretagne ». En tant que poète en revanche, il peut laisser dubitatif : sa versification est souvent lourde, parfois prosaïque, peu sonore, les images fortes sont rares. On est loin de Tristan Corbière : « Ô Poète, gardez pour vous vos chants d’aveugles/Eux, le De Profundis que leur corne le vent ». Sans parler des strophes enchantées du Pardon de Sainte-Anne-la-Palud.
Enfin, comme déjà dit plus haut, l’ouvrage de Joseph Rio offre un autre intérêt : celui de décrire l’itinéraire, à vrai dire très classique et sans doute reproduit à des dizaines d’exemplaires, mais toujours instructif, de ces intellectuels besogneux du XIXe siècle, errant entre leur province et Paris, tentant de trouver leur place dans la capitale, y réussissant, ou pas, retournant provisoirement ou pour toujours sur leurs terres d’origine, image balzacienne du Grand homme de province à Paris, figure toujours renouvelée d’un Lucien de Rubempré.
Jean-François TANGUY
Cette recension a été initialement publiée en 2022 dans le tome C des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, volume II, p. 779-783.
Sur ce site, le titre et les intertitres sont de la rédaction.
GUILLOREL Éva
Maîtresse de conférences en histoire moderne à l’Université Rennes 2 (laboratoire Tempora) et membre junior de l’Institut universitaire de France. Elle a fait un triple cursus d’histoire, d’études celtiques et d’ethnologie dans les universités de Rennes et Brest avant de passer trois années postdoctorales au Québec et aux États-Unis. Ses travaux de recherche portent sur les cultures orales et les circulations culturelles et linguistiques en Bretagne et en Amérique du Nord.
Elle est intervenue au congrès 2022 de la SHAB à Carhaix sur le sujet suivant :
Parler breton en Nouvelle-France au XVIIIe siècle
Les chercheurs qui se sont intéressés à la constitution des communautés linguistiques dans les colonies françaises d’Amérique ont insisté sur l’enracinement et l’homogénéisation rapides de la langue française dès les premières décennies de la colonisation en Nouvelle-France. Pourtant, certains migrants installés dans la colonie n’étaient pas originaires de ces régions, ne parlaient pas français à leur arrivée ou avaient une autre langue pour idiome maternel. C’est notamment le cas de Bretons de Basse-Bretagne.
Le texte de sa contribution est paru dans le tome CI (2023) des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, p. 489-504.
BOUCHER-DURAND Myrzinn
Doctorante à l’Université d’Harvard, dans le département de langues et littératures celtiques. Elle y enseigne le breton et la littérature celtique et y travaille sur une thèse portant sur les dialectes du moyen breton.
Elle est intervenue au congrès 2022 de la SHAB à Carhaix sur le sujet suivant :
Claff, claf, clam : claff en moyen breton, quel sens donner au mot malade ? L’éclairage des autres langues celtiques médiévales.
Cette intervention vise à étudier le champ lexical historique du mot Claff en moyen breton, ainsi que son évolution en breton moderne, et ce pour tenter d’éclairer le sens du nom Guynglaff, l’homme sauvage qui prophétise à Arthur.
Le texte de sa contribution est paru dans le tome CI (2023) des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, p. 413-426.
CHÂTELIER Antoine
Docteur en breton et celtique. Thèse soutenue à Rennes en 2016 : Traductions et variabilité en langue bretonne : l’exemple des traductions bretonnes de l’Introduction à la vie dévote (XVIIIe-XXe siècles, dirigée par Hervé Le Bihan). Chargé de cours à l’université de Rennes 2, il a notamment publié des articles sur la dialectologie de la langue bretonne, comme : « Le cas des noms verbaux “doubles” et de en devout conjugable », dans Études celtiques (n° 42, 2016), ou portant sur la forme edi dans la littérature vannetaise ancienne, « Arveroù diwezhañ ar stumm “edi” e lennegezh Bro-Gwened (XVIIvet-XXvet kantved) », Klask, no 11, 2017, par exemple.
Antoine Châtelier est intervenu au congrès 2022 de la SHAB à Carhaix sur le sujet suivant :
Langues, diglossie et changements linguistiques à la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge dans l’est de la Bretagne
Quelles langues étaient parlées dans la péninsule armoricaine à l’arrivée des Bretons, autour du Ve siècle de notre ère ? La question est ardue et depuis longtemps débattue. Des traces d’une ancienne assibilation latine peuvent s’observer dans la toponymie bretonne ancienne. Mais d’autres toponymes témoignent d’un passage direct du gaulois au breton. L’auteur propose d’y voir l’empreinte d’une britonnisation ancienne dans un territoire en situation de bilinguisme et de diglossie à l’avantage du latin.
Le texte de sa contribution est paru dans le tome CI (2023) des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, p. 395-412.