Le procès de canonisation de Charles de Blois, page 1 de couverture

« Croire » à la fin du Moyen Âge : les sources relatives au procès du duc de Bretagne, Charles de Blois

Le procès de canonisation de Charles de Blois, duc de Bretagne (1319-1364). Tome I : Le procès d’Angers (1371), édition critique et traduction par Laurent HÉRY, Jean- Paul LE GUILLOU, Yves LE GUILLOU et Armelle LE HUËROU, sous la direction d’André VAUCHEZ, Paris-Rennes, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres », t. 59/Presses universitaires de Rennes-Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, coll. « Sources médiévales de l’histoire de Bretagne », n° 10, 2023, 953 p.

Défait et tué les armes à la main lors de la bataille d’Auray (29 septembre 1364) qui clôt la guerre de Succession de Bretagne ouverte en 1341 par la disparition sans héritier du duc Jean III, Charles de Blois (1319-1364) a connu une étrange revanche sur le terrain mémoriel et religieux. Grâce à la ténacité de son entourage – à commencer par le frère du roi de France Charles V, Louis Ier d’Anjou –, le vaincu d’Auray a, d’une certaine façon, prolongé de manière posthume son affrontement avec son rival, le duc Jean IV de Montfort, dans un domaine où on ne l’attendait pas forcément : celui de la sainteté.

Un patient travail d’établissement du texte du procès de canonisation

Dans les années qui suivent la mort de Charles, le parti de Blois-Penthièvre mit tout en œuvre pour tenter d’obtenir la canonisation de leur champion malheureux. De 1367 à 1376, la papauté d’Avignon, incarnée par Urbain V puis Grégoire XI, mit en branle la puissante machinerie administrative fondée sur l’enquête (inquisitio) qu’est alors devenu le procès en canonisation.

Si cette enquête sur la sainteté n’aboutit finalement pas au Moyen Âge finissant – il faudra attendre 1904 pour que Charles de Blois soit « seulement » béatifié par Pie X pour la plus grande joie d’une certaine aristocratie catholique bretonne –, elle n’en a pas moins engendré de nombreuses pièces de procédure, et en particulier les procès-verbaux d’interrogatoires des 164 personnes entendues à Angers. Ce sont principalement les déclarations de ces témoins, recueillies sur les bords de la Loire par les commissaires pontificaux, entre le 9 septembre et le 18 décembre 1371, qui forment la substance du présent ouvrage.

Le projet d’édition remonte loin dans le temps, vers le milieu des années 1970, avec la découverte par le grand médiéviste, spécialiste de la sainteté médiévale, André Vauchez, de deux vestiges manuscrits inconnus du procès en canonisation de Charles de Blois : les mss. Collectorie 434 et 434A de la Bibliothèque vaticane à Rome. Le lourd et patient travail d’établissement du texte excédant les forces d’un seul homme, c’est finalement un collectif de recherche, composé de spécialistes en histoire et en littérature latine qui s’est attelé à la tâche pour livrer aujourd’hui le premier tome d’une ample édition critique qui, à terme, devrait en compter deux.

Ce premier volume, prenant toute sa place dans la collection des « Sources médiévales d’histoire de Bretagne », contient plus précisément les actes du procès de canonisation instruit à Angers, hors des frontières de la Bretagne ducale, à la fin de l’année 1371.