Le congrès annuel de la Société de Mythologie française (SMF) s’est tenu dans les monts d’Arrée

C’est à Brasparts, au cœur des monts d’Arrée, dans le Finistère, que la Société de mythologie française (SMF) avait choisi d’organiser son 47e congrès annuel du 8 au 12 juillet dernier, au centre Ti Menez Are. Ce choix n’est pas surprenant puisque les monts d’Arrée sont perçus de longue date comme une terre de légendes.

Cette édition, placée sous le thème « Les passages vers l’Autre-Monde : mythes, légendes, rites et représentations populaires », a réuni des chercheurs, des universitaires et des passionnés venus de France et de Belgique pour explorer les frontières entre notre monde et l’Autre-Monde, à travers les récits, croyances et traditions populaires.

Où se situe l’Autre-Monde ? Est-il au-dessus, en dessous du nôtre ?

Sur le site Calenda (1) les contributeurs étaient invités à étudier les mythes, légendes, contes, rites ainsi que les différentes formes de littérature ou d’art populaire (y compris peinture, chants, danses, poésies, prières…) relatives aux passages du monde où nous vivons vers « l’Autre-monde ». Où se situe l’Autre-Monde ? Est-il au-dessus, en dessous du nôtre, ou bien encore à côté de celui-ci ?

Quels sont les points de passage et les voies qui y conduisent ? Sont-ils permanents ou non ? Avec ou sans retour ? Quels sont les guides et psychopompes qui y conduisent et en gardent l’accès ? Pourquoi certaines formes de l’Autre-monde se présentent-elles comme l’inversion de notre monde ordinaire, quand d’autres en constituent plutôt une version idéalisée ? À quels substrats mythiques empruntent ces différentes versions de l’Autre-Monde ? Ce sont là quelques-unes des nombreuses questions qui ont été abordées au cours de ce congrès.

L’argumentaire détaillé du congrès

Sur le même site Calenda, sont listées dans un argumentaire détaillé les principales thématiques abordées lors du congrès de la Société de mythologie française à Brasparts :

  • Légendaire de la mort, croyances et rites
  • Légendaire des mondes souterrains, sous-marins, insulaires
  • La littérature arthurienne
  • Les autres sources médiévales
  • Les sources celtiques
  • Les contes

Enfin, les thématiques communes sur lesquelles l’intérêt pouvait plus particulièrement se porter : topographie et nature de l’Autre-monde, caractéristiques des points de passage ou des frontières entre celui-ci et le nôtre, chemins à suivre pour y accéder, etc.

Des intervenants pour une exploration inédite de l’Autre-Monde

  • Joël Hascoët, qui enseigne à l’Institut Émile Gryzon en Belgique, a soutenu sa thèse en 2010 sur les Troménies bretonnes au Centre de recherche bretonne et celtique à Brest. Il a exposé sur le site ABP que le congrès mettrait particulièrement à l’honneur les travaux de plusieurs personnalités reconnues dans le domaine de la mythologie et des traditions populaires.
  • Daniel Giraudon, spécialiste des traditions populaires bretonnes, a ouvert les communications avec une intervention sur « Le passage dans l’Autre-Monde dans les traditions populaires du bout de la terre », offrant un éclairage unique sur la richesse du folklore de la Bretagne et la manière dont il façonne les représentations de l’au-delà.
  • Bernard Sergent, historien, archéologue, linguiste, chercheur CNRS, président émérite de la SMF, a proposé une analyse comparative sur « L’abolition des frontières entre ce monde et l’Autre-Monde chez les Celtes et chez les Germains », mettant en évidence les similitudes et les spécificités de ces traditions européennes majeures.
  • Julien d’Huy, auteur reconnu pour ses travaux sur la mythologie comparée et l’analyse des récits fondateurs à l’aide des outils de l’anthropologie et de la modélisation, est intervenu sur la représentation de la mort comme voyage (en particulier le long de la Voie lactée) et les conditions de son émergence.
  • Gaël Hily, membre associé de l’unité de recherche CELTIC-BLM de l’université de Rennes 2, auteur d’une thèse sur le dieu Lugus, spécialiste du patrimoine et des traditions populaires celtiques, a apporté un regard original sur les rites et symboles associés aux seuils et aux passages vers l’invisible, en s’appuyant sur des exemples issus du territoire breton et d’ailleurs.
  • D’autres intervenants se sont exprimés sur les activités de la Confédération française des arts et traditions populaires, une singulière lecture médiévale d’Ovide, le légendaire corse ou encore une analyse du « Grand Meaulnes » à travers le prisme de la mythologie.

La présence de deux artistes de renommée internationale

  • Enfin, le congrès aura été marqué par la participation exceptionnelle du Néerlandais résidant aujourd’hui en Basse-Bretagne Dimitri Boekhoorn, docteur ès Études celtiques et artiste international aux 14 harpes de différentes époques, tailles et sonorités.
  • Et celle de Marie Chiff’Mine, créatrice de spectacles de marionnettes. Leur présence a été vécue comme un moment fort pour tous ceux qui s’intéressent à la mythologie, à l’histoire culturelle et à la richesse du patrimoine immatériel de nos régions.

Ce rendez-vous scientifique et culturel était ouvert à tous.