VILLARD-LE TIEC Anne

Conservatrice générale du patrimoine, en charge de la gestion administrative des départements d’Ille-et-Vilaine (hors Rennes métropole) puis des Côtes-d’Armor à la Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne, service régional de l’archéologie ; membre de l’UMR 6566 CReAAH. Ses recherches portent notamment sur les pratiques funéraires de l’âge du Fer en Bretagne.

Publication :

  • Anne VILLARD-LE TIEC, Yves MENEZ, Patrick MAGUER, Architectures de l’âge du Fer en Europe occidentale et centrale, Actes du 40e colloque international de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer, Rennes, 4-7 mai 2016, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018.

Elle a présenté une communication, avec Myriam LE PUIL-TEXIER et Théophane NICOLAS, lors du congrès du centenaire de la SHAB à Rennes, en novembre 2021, sur le sujet suivant :

Les apports récents de l’archéologie sur les Gaulois, vus à travers les pratiques funéraires armoricaines

Cette contribution s’appuiera essentiellement sur la période la mieux documentée par de nombreuses découvertes anciennes et récentes, les VIe et Ve siècles av. J.-C. Au cours du VIe siècle et au Ve siècle, des habitats d’un genre nouveau apparaissent, caractérisés par des bâtiments quadrangulaires, le creusement des premiers souterrains et leur délimitation par des fossés parfois imposants. Nombre de cimetières sont créés, généralement à proximité de ces habitats ou de voies les desservant ; signalés par des stèles en pierre parfois ornées, ils se présentent, dans la moitié sud de la péninsule bretonne, sous la forme de tumulus circulaires aux parements soigneusement agencés et, du Centre-Ouest aux Flandres, comme des nécropoles cernées par des fossés de plan quadrangulaire.

On passe également progressivement de monuments destinés à protéger une unique sépulture au développement de cimetières communautaires rassemblant jusqu’à une cinquantaine d’urnes. Cette évolution s’accompagne d’un changement dans les pratiques funéraires, l’inhumation, majoritaire, cédant peu à peu sa place à l’incinération des défunts, qui semble devenir la norme jusqu’au IIe siècle av. J.-C.

À la fréquence de ces cimetières, assez générale en Europe moyenne, succède toutefois, à partir du IVe siècle, une quasi-disparition de l’enfouissement des restes des défunts en Bretagne et leur raréfaction ailleurs, reflétant des changements économiques et sociaux importants dans la société gauloise, que l’on perçoit également au même moment dans le déclin des habitats et leur raréfaction, et sans doute religieux avec la création des premiers lieux de culte à la fin du IVe siècle.

La mise au jour récente de plusieurs nécropoles à incinération armoricaines

À partir du IIIe siècle av. J.-C., la création de très nombreuses fermes traduit un essor démographique et économique sans précédent en Gaule. En Bretagne, malgré les larges superficies décapées autour de ces habitats parfois très vastes et de haut rang, aucun cimetière n’a été mis en évidence. Du IVe siècle au début au IIe siècle, seules quelques urnes, d’une qualité exceptionnelle, ont été mises au jour au sein de cimetières plus anciens. Ensuite, les rares sépultures connues sont des inhumations, qui présentent des caractères particuliers, peut-être d’ordre religieux, conservées grâce aux sables dunaires sur le littoral ou en milieu insulaire.

La mise au jour récente de plusieurs nécropoles à incinération armoricaines, des VIe et Ve siècles av. J.-C., a offert l’opportunité de développer de nouvelles méthodologies de fouille des dépôts cinéraires. Depuis ces dernières années, l’application de l’examen tomodensitométrique aux dépôts de crémation en urne ou en contenant périssable a modifié le travail au quotidien des spécialistes et ouvert de nouvelles pistes pour les analyses et les problématiques concernant les pratiques funéraires. En effet, lors des phases de dégagement, de prélèvement et de lavage, le traitement manuel des dépôts engendre une dégradation quasi inévitable des restes osseux et, parfois, du mobilier d’accompagnement.

L’usage de l’imagerie médicale en 3D

L’usage de l’imagerie médicale en 3D intervenant préalablement à la fouille des urnes constitue, en revanche, une approche non invasive qui permet d’analyser la structure interne des dépôts de manière efficiente et pérenne. Le fait de pouvoir visualiser l’intégralité du contenu d’une urne ou d’un amas osseux selon trois plans différents et d’observer les caractéristiques morphologiques et spatiales de chaque objet, quelle qu’en soit la nature (os, bois, métal, verre…), permet d’orienter les prélèvements et les choix de fouille et d’anticiper d’éventuelles mesures conservatoires.

Plusieurs cas d’application de cette méthode d’investigation sur des dépôts en urne céramique provenant des cimetières de Guipry et de La Chapelle-des-Fougeretz en Ille-et-Vilaine permettront de présenter le potentiel informatif des images tridimensionnelles tout en illustrant les principales caractéristiques des pratiques funéraires mises en œuvre.

Le texte de leur contribution est paru dans le tome C (2021) des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, p. 131-151.