SIX Manon

Conservatrice du patrimoine. Après avoir participé au sein de l’Agence France Muséums à l’élaboration du projet scientifique et culturel du futur Louvre Abu Dhabi, elle occupe le poste de conseillère pour les musées à la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays-de-la-Loire, avant de rejoindre le Musée de Bretagne en 2017, en tant que responsable du pôle conservation.

Elle pilote, notamment à ce titre, les grands chantiers de collections du Musée et le développement de la mise en ligne des fonds numérisés via le projet Des collections en partage.

Publication

Manon SIX (dir.), Rennes, les vies d’une ville (catalogue d’exposition), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018.

Elle est intervenue au congrès 2021 de la SHAB à Rennes sur le sujet suivant :

L’histoire de Bretagne au Musée de Bretagne

Avec l’ambition initiale de retracer l’histoire de la Bretagne des origines à nos jours, le Musée de Bretagne s’inscrit aujourd’hui dans le temps long, marqué par la structuration linéaire de son parcours permanent, inauguré en 2006. Au sein de cette progression, le propos des collections vise néanmoins autant la langue, les pensées ou l’organisation sociale et politique, que les productions matérielles d’origine artisanale ou d’origine industrielle. Les concepteurs de cette présentation, datant déjà de quinze ans, se sont attachés à « présenter la singularité de la Bretagne dans ses dimensions universelles ».

Cette démarche s’inscrit dans les réflexions qui ont été menées ces dernières décennies sur l’identité bretonne : c’est lorsque la Bretagne s’ouvre au monde qu’elle connaît ses périodes de prospérité et qu’elle développe des expressions culturelles originales. Aussi l’exposition permanente actuelle s’attache-t-elle à mettre en évidence cette alternance de périodes d’ouverture et de repli.

L’identité bretonne : une construction sociale et culturelle plus qu’une donnée innée

Si l’histoire et l’anthropologie constituent ses champs disciplinaires fondamentaux, le Musée dans sa présentation actuelle s’est efforcé de rejeter toute forme d’« ethnostalgie » : il exerce, de nos jours, son activité en tant que musée de société, entendant ainsi accompagner certaines transformations sociales, urbanistiques, techniques ou culturelles contemporaines. Loin des écueils du régionalisme ou du repli identitaire, le Musée considère aujourd’hui l’identité bretonne comme une construction sociale et culturelle plus que comme une donnée innée, héritée d’un temps immémorial. Néanmoins, cette évolution a été progressive.

Musée héritier du grand musée de synthèse régional souhaité par Georges-Henri Rivière au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il compose nécessairement avec son histoire et la constitution de ses collections. Si entre 1960 et 1975, six salles sont successivement ouvertes, ayant vocation à présenter pour la première fois de façon chronologique l’histoire de la Bretagne de la Préhistoire à nos jours, dès 1978 la tenue d’une exposition, intitulée « Le Musée de Bretagne, pour quoi faire? », traduit ce sentiment d’adaptation nécessaire de l’institution, au cours de ses évolutions.

Aujourd’hui, au seuil d’une nouvelle étape importante consacrée à la refonte de son récit, analyser la manière de présenter muséographiquement l’histoire de la Bretagne revêt une actualité et une signification toutes particulières.

Le texte de sa contribution est paru dans le tome C (2021) des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, p. 635-658.