LAMBERT Pierre-Yves

Linguiste, spécialiste des langues celtiques, directeur d’études (émérite) de philologie celtique à l’École pratiques des hautes études, IVe section.

Publications :

  • LAMBERT, Pierre-Yves, Les littératures celtiques, Paris, Presses universitaires de France, 1981.
  • LAMBERT, Pierre-Yves, La langue gauloise. Description linguistique, commentaire d’inscriptions choisies, Paris, Errance, coll. des Hespérides, 1994.

Il est intervenu au congrès 2021 de la SHAB à Rennes sur le sujet suivant :

La philologie celtique en France depuis un siècle

On rappellera d’abord la définition de la philologie. Longtemps cantonnée aux langues dites classiques, dont la richesse et l’ancienneté documentaires justifiaient une étude approfondie, mais entraînait aussi une approche hypercritique perdue dans une multitude de détails, elle a été souvent opposée à la linguistique perçue alors comme une nouvelle discipline capable de percevoir la structure et l’organisation non seulement des langues classiques mais aussi de toute autre langue.

Aux philologues, on attribuait la grammaire comparée et la reconstruction des langues, la critique des manuscrits et l’établissement des textes. Aux linguistes, l’examen des variétés dialectales, l’explication des changements phonétiques, et en un mot l’histoire des langues. Mais si l’on sort du domaine des langues classiques, on s’aperçoit que les premiers philologues (que ce soit dans le domaine germanique, celtique ou slave) étaient déjà des linguistes, et qu’ils réfléchissaient déjà à tous les problèmes maintenant considérés comme linguistiques.

Le point de départ de cette rétrospective est l’œuvre de Joseph Loth. Passionné par l’histoire du breton et ses relations avec les autres langues celtiques, il est tout à la fois philologue éditeur des gloses en vieux-breton, comparatiste soucieux de déterminer, par exemple, la part des emprunts latins en breton, et la part des mots celtiques indigènes, et historien des langues brittoniques, préoccupé d’expliquer la migration bretonne en Armorique, et attentif à tous les documents disponibles sur le cornique. Il avait été formé à la 4e section de l’École pratique des hautes études, la section d’Histoire et philologie. Son œuvre multiforme constitue à la fois une appropriation de tout ce que l’on connaît à l’époque sur les langues celtiques, et une réflexion critique sur ces matériaux.

Ses collègues et successeurs purent se différencier du modèle imposé, en se spécialisant dans l’édition de textes modernes (Georges Dottin) ou dans les descriptions dialectales (Pierre Le Roux). Dans la deuxième moitié du XXe siècle, on citera principalement les noms de François Falc’hun et de Léon Fleuriot qui semblent s’opposer l’un à l’autre comme le linguiste, dialectologue, et le philologue, comparatiste. Chacun des deux a voulu, comme Joseph Loth, proposer une approche globale du phénomène linguistique breton.

Le texte de sa contribution est paru dans le tome C (2021) des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, p. 99-114.