GUIGON Philippe

Ex-contrôleur de la circulation aérienne, docteur en archéologie de l’université de Rennes 1, spécialiste du haut Moyen Âge breton. Il est secrétaire de la SHAB depuis 2017.

Publications :

  • Denise DELOUCHE, Philippe GUIGON (dir.) Félix Marant-Boissauveur (1821-1900). Album breton, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.
  • Maurice GAUTIER, Philippe GUIGON, Gilles LEROUX, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019.

Archéologie aérienne au pays de Loudéac

Philippe Guigon a présenté une communication sur ce sujet lors du congrès de la SHAB à Loudéac en septembre 2024. en compagnie de Catherine Bizien-Jaglin, Maurice Gautier étant excusé.

Depuis plus de trente ans, trois archéologues volants (Catherine Bizien-Jaglin, Maurice Gautier et Patrick Naas) scrutent les paysages du pays de Loudéac, où ils ont détecté, grâce aux anomalies de croissance des cultures, au bas mot un millier d’entités archéologiques enfouies ou arasées.

Comme pour l’ensemble du Massif armoricain, la période la mieux représentée est celle de l’âge du Fer, avec ses nombreuses fermes aux enclos emboîtés ou juxtaposés. Les établissements antiques du type villa sont difficiles à identifier du fait de la forte dynamique agricole locale, qui a détruit les niveaux d’occupation. Le haut Moyen Âge n’est sûrement pas absent, mais comment y discriminer ses structures fossoyées, très semblables à celles des périodes antérieures ?

Plus tardivement se retrouvent les habituelles mottes, châteaux et au moins une abbaye disparue. Les images satellitaires, tout comme la technologie lidar (laser aéroporté), apportent de remarquables compléments d’information, notamment sur l’âge du Bronze avec la révélation de nécropoles inédites. Le Centre Est Bretagne n’était donc pas une forêt quasi impénétrable, mais une région largement anthropisée aux époques anciennes.


Le “A” de SHAB : “archéologie” ou “amnésie” ?

Philippe Guigon est intervenu sur ce sujet lors du congrès du centenaire de la SHAB à Rennes, en novembre 2021.

Dès ses débuts, l’archéologie fut un objet revendiqué de la SHAB. La lettre « A » de son titre aurait pu désigner des termes à cette époque encore en usage en 1920, ainsi l’adjectif « académique » ou le substantif « antiquaire ». Mais, comme plusieurs sociétés départementales portaient dans leur dénomination le mot « archéologique », celui-ci s’imposa à nos pères fondateurs.

En un siècle d’existence, quelle part revient à l’archéologie dans les Bulletins et Mémoires de la SHAB ? Grâce aux Tables de Jacques Charpy et Alain Gallicé, il est aisé d’isoler les articles et comptes rendus consacrés à cette discipline. Sur 1 280 communications (589 auteurs), le corpus retenu de celles spécifiquement archéologiques, ne portant que sur la Bretagne historique à de très rares exceptions près, apparaît mince, avec 98 textes (72 auteurs). La classification de ces textes par périodes chronologiques étudiées s’opère comme suit :

  • Préhistoire, 41
  • Protohistoire, 7
  • Antiquité, 12
  • Moyen Âge, 20
  • 8, transversales, ne s’attachent pas à une période spécifique
  • 5 autres s’intéressent à l’historiographie de la discipline
  • et 5 aux institutions encadrant sa pratique.

Les Mémoires ne pouvaient remplir ce rôle d’information de l’actualité, étant destinés à publier de plus longues communications portant sur les domaines à l’ordre du jour des congrès annuels. Peu nombreuses et de longueurs variables, 11 de 1925 à 1964, puis après une interruption de douze ans, 37 de 1976 à 2019, elles sont signées d’universitaires et de responsables d’institutions en charge de l’archéologie (Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, Pierre Merlat, Louis Pape). Fait notable, la Préhistoire est quasi oubliée, alors qu’apparaissent la Protohistoire et l’Antiquité (Patrick Galliou, René Sanquer) puis le Moyen Âge (Hubert Guillotel, Patrick Kernevez), enfin des études historiographiques (Gautier Aubert) et quelques communications transversales.

Enfin, l’archéologie est mentionnée dans les recensions d’ouvrage (50 sur un total de 945), à partir de 1952 puis avec un accroissement très net dans les décennies 2000 (15) et 2010 (20). Inévitablement, une forte endogamie règne chez les recenseurs, en raison du faible nombre de spécialistes.

Bilan mitigé pour ce qui concerne l’étude de l’archéologie au sein de la SHAB, sans que l’on puisse tout de même parler d’amnésie ! Ne peut guère être incriminée la concurrence des sociétés de son collège, même si la Société polymathique du Morbihan et la Société archéologique du Finistère jouent leur partie. Des publications universitaires attirent d’avantage les archéologues, de 1952 à 1973 les Annales de Bretagne, depuis 1984 la Revue archéologique de l’Ouest, cette dernière sur une aire géographique dépassant celle de la Bretagne. À nous, et à nos successeurs de faire mieux pour le siècle prochain, en conservant tout de même notre « A », ne serait-ce que pour des raisons d’euphonie…

Le texte de sa contribution est paru dans le tome C (2021) des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, p. 539-561.