BROUDIC Fañch

La limite linguistique entre Haute et Basse-Bretagne, usages des langues et représentations

Fañch Broudic et Anne Diaz ont présenté une communication sur ce sujet lors du congrès de la SHAB à Loudéac en septembre 2024.

La plus ancienne carte figurant la démarcation entre la Haute-Bretagne gallésante et la Basse-Bretagne bretonnante est parue dans L’histoire de Bretaigne de Bertrand d’Argentré en 1588. Le tracé établi par Paul Sébillot trois siècles plus tard, en 1885, est perçu comme en ayant été la limite intangible.

En réalité, elle n’a jamais cessé de reculer vers l’ouest, sur une dizaine de kilomètres dans le nord depuis le début du XIXe siècle, sur 30 à 40 dans le sud. Elle est aujourd’hui une frontière désagrégée, bien que toujours ressentie comme telle.

En effet, la différence linguistique a pendant longtemps été un facteur essentiel de différenciation entre les populations bretonnantes et gallésantes vivant de part et d’autre de cette limite mouvante. C’est ainsi que se sont sédimentées au fil du temps des représentations stéréotypées des deux groupes linguistiques et des deux langues en présence.

Les perceptions des langues et des personnes sont entremêlées : à des représentations négatives du gallo correspond une image souvent peu flatteuse des Hauts-Bretons, tandis que le breton et les Bas-Bretons bénéficient d’une image plus positive.


L’emploi officiel du breton de la Révolution française au milieu du XX e siècle

Fañch Broudic est intervenu au congrès 2022 de la SHAB à Carhaix sur ce sujet.

L’une des idées les mieux reçues relatives à la langue bretonne est celle de l’interdit dont elle aurait été frappée tout au long de l’histoire. Il n’empêche que depuis la Révolution française, les pouvoirs publics et les autorités locales ont dû tenir compte de la pratique généralisée de la langue en Basse-Bretagne. Sous la Révolution, le breton devient pour la première fois langue de la politique. 

Un siècle plus tard, le préfet des Côtes-du-Nord reconnaît qu’il est nécessaire de choisir dans toutes les administrations des agents « parlant le dialecte local » pour exercer leurs fonctions. L’administration elle-même s’exprime en breton en situation de crise . Quelle est la teneur de ces documents et qui sont les émetteurs et les cibles des informations qui ont été diffusées ?

Le texte de sa contribution est paru dans le tome CI (2023) des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, p. 525-554.

Fañch Broudic a été producteur et journaliste dans le service public de l’audiovisuel. Sur France 3, il a lancé le journal en breton An taol-lagad, a été rédacteur en chef de France 3 Iroise à sa création et responsable des émissions en langue bretonne. Docteur ès-lettres pour une thèse consacrée à « La pratique du breton de l’Ancien Régime à nos jours » (Presses universitaires de Rennes, Rennes, 1995), il a publié de nombreux ouvrages et articles au carrefour de la sociolinguistique et de l’histoire. Il est chercheur associé au Centre de recherche bretonne et celtique (Université de Bretagne Occidentale, Brest). Blog : www.langue-bretonne.org