CUCARULL Jérôme 2025

Professeur d’histoire-géographie dans le secondaire, chercheur associé au crbc (ubo, Brest). Spécialiste de l’histoire économique et sociale des XIXe et XXe siècles.

Capitaux et réseaux économiques au sud du pays d’Auray 

Les entrelacs d’un système dual, entre écosystème local et dominance extérieure, 1850-1940

Sur le territoire situé au sud d’Auray, à la fois maritime et agricole, une double logique économique s’installe dans le dernier tiers du xixe siècle, entre les activités traditionnelles, dont la pêche à la sardine est le symbole, et développement du tourisme. Pour mesurer l’incidence de cette évolution sur le territoire, notre étude s’étend sur douze communes appartenant à l’actuelle communauté de communes aqtA (Communauté de communes Auray Quiberon), en incluant la presqu’île de Quiberon et la ria d’Étel (sans comprendre les îles).

Après avoir évoqué les sources sérielles disponibles (recensements de la chambre de commerce, documents fiscaux ou des justices de paix), en soulignant leurs limites, nous poserons la question du rayonnement de l’économie locale et de sa dépendance économique vis-à-vis de l’extérieur à partir du trafic des ports locaux de Quiberon, La Trinité-sur-Mer et Étel, avec un flux d’échanges maritimes vers Nantes et Bordeaux. Quelques bilans de faillite confirment la relative marginalisation de Vannes et Auray dans la fourniture de marchandises.

Le tissu industriel qui se développe à cette période, fortement en lien avec les ressources halieutiques, montre cette dépendance. Au travers de l’analyse des créateurs et de la répartition des capitaux sociaux des entreprises, nous évoquerons les circuits financiers qui marginalisent grandement les acteurs locaux au détriment souvent de Parisiens, montrant cependant la plasticité de cette évolution en évoquant notamment les conserveries, la meunerie ou la valorisation des varechs.

L’effet des services induits par le développement touristique

Le tissu commercial, évoqué à partir d’une base de données de 1 300 commerçants et artisans, se transforme sous l’effet des services induits par le développement touristique (développement des capacités d’accueil et activités immobilières par exemple). Nous montrerons la dynamique des acteurs locaux et la part grandissante des acteurs extérieurs dans cette évolution.

L’adaptation de l’économie locale, accélérée après la Première Guerre mondiale, amène une dichotomie assez nette, mais nuancée, entre les activités de service de proximité exercées par des personnes originaires de la région et des activités nouvelles, tenant compte des opportunités de développement local, qui sont essentiellement initiées par des personnes extérieures, avec en particulier une dominance nette de Nantes et Paris. Nous verrons enfin dans quelle mesure les besoins des touristes accélèrent le développement de certains éléments de modernité (dépôts de gaz et pétrole, publicités…). Des conflits d’usage apparaissent entre des projets industriels et le développement du tourisme montrent la transition qui s’opère alors.

Le texte de sa contibution paraîtra dans le tome CIV des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne au printemps 2026.