Christian Bougeard, lors du congrès du centenaire de la SHAB, à Rennes, novembre 2021. Photo FB

BOUGEARD Christian

Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université de Bretagne occidentale à Brest et membre du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC). Spécialiste de l’histoire de la Bretagne au XXe siècle et de la Seconde Guerre mondiale.

Publications :

  • Christian BOUGEARD, La Bretagne de l’Occupation à la Libération (1940-1945), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.
  •  Christian BOUGEARD, Les années 1968 en Bretagne. Les mutations d’une société (1962-1981), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.
  • Christian BOUGEARD, L’histoire de la Résistance en Bretagne, Paris, Gisserot, ré-éd, 020.

Il est intervenu au congrès 2021 de la SHAB à Rennes sur le sujet suivant :

La construction de l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale en Bretagne

Dès la fin du conflit, un travail historique s’engage pour mieux cerner cette période des Années noires, de la défaite, de l’Occupation et de la Libération (1939-1945). Dans un premier temps, des acteurs, surtout des résistants, publient des ouvrages de souvenirs mais immédiatement, au niveau national, la collecte de témoignages et de documents est organisée sous l’égide de ce qui deviendra le Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale (CHDGM) dirigé par l’historien Henri Michel.

Des correspondants départementaux habilités obtiennent des autorisations spéciales d’accès aux archives publiques afin de participer aux enquêtes du Comité. Ces correspondants sont particulièrement actifs en Bretagne : ils publient les premières histoires départementales ou thématiques dans les années 1970-1980 (Finistère, Morbihan, Côtes-du-Nord) à partir des enquêtes du Comité sur la répression, la déportation, la collaboration et les partis collaborationnistes, la Résistance (cartes de l’action) et l’épuration.

Dans les années 1970-1980, une nouvelle génération d’historiennes et d’historiens de formation universitaire (Ille-et-Vilaine, Côtes-du-Nord/Côtes-d’Armor) prend le relais au sein du CHDGM puis de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP-CNRS) engageant des thèses sur l’histoire de la Résistance et au-delà sur l’ensemble des aspects d’une société en guerre et occupée, inscrivant cette histoire dans le temps plus long de l’entre-deux-guerres jusqu’aux années 1950. De nombreux champs sont étudiés : pillage économique allemand et entreprises, prélèvements de main-d’œuvre et service du travail obligatoire (STO), ravitaillement et pénuries, vie quotidienne et répression, élites et notables sous l’Occupation, rapports des Bretons à Vichy et à sa Révolution nationale, formes et processus des résistances intérieure et extérieure, violences de guerre, enjeux de pouvoir et processus de la libération, histoire des poches de Lorient et de Saint-Nazaire…

Les commémorations décennales de la Libération stimulent travaux et expositions. La recherche a évolué vers l’histoire des représentations tandis qu’une histoire scientifique de la Résistance était élaborée dans les années 1990 lors de six colloques internationaux. Cette connaissance scientifique de la guerre en Bretagne s’appuie aussi sur des mémoires d’étudiants des universités de Rennes 2 et de Brest, des monographies cantonales ou de villes notamment, et des thèses qui ont varié les échelles, les problématiques et les niveaux d’analyse. Á côté, de multiples ouvrages, souvent intitulés Histoire de la Résistance ou de la collaboration en Bretagne mais portant en réalité sur des territoires très limités, sont publiés par des amateurs d’histoire ; toute une littérature mémorielle ou recopiant des documents d’archives occupe le terrain éditorial.

De même, la « question bretonne », du Parti national breton (PNB) au Bezen Perrot, a nourri de nombreuses polémiques alors qu’une historiographie scientifique a remis en contexte le collaborationnisme breton. Depuis une quarantaine d’années, dans ses congrès, la SHAB a donné la parole aux chercheurs et des comptes rendus bibliographiques ont fait connaître leurs travaux. Dans tous les domaines de l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale, la Bretagne est fort bien représentée.

Le texte de sa contribution est paru dans le tome C (2021) des Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, p. 371-390.