Le père Joseph Irien a aussi été un chercheur passionné d’histoire
Il était né en 1937 à Bodilis, dans une famille d’agriculteurs où tout le monde parlait le breton, qui fut donc sa première langue. Quand il avait été scolarisé à sept ans, il avait été frappé de l’interdiction de la parler à l’école, ce qui l’avait profondément marqué. Après son grand séminaire, il est ordonné prêtre en 1962. Il exerce en diverses affectations de Pont-Croix à Brest, jusqu’à ce qu’il fonde le centre spirituel bretonnant de Minihi Levenez [Le prieuré de la joie] en 1984 dans la petite commune de Tréflévénez, non loin de Daoulas, avec la bénédiction de Mgr Barbu, alors évêque de Quimper et Léon. Il est connu depuis sous la forme bretonne de son prénom et de son patronyme, Job an Irien.
Il est décédé le 2 février 2025. L’homélie, lors de ses obsèques à l’église Saint-Houardon de Landerneau, a été prononcée en français et en breton par le père Corentin Samson : « Je lis que Job a donné sa vie pour Dieu et pour la Bretagne. Je crois que Job n’aurait pas trop aimé ce genre de formule. Job a donné sa vie, pas pour des idées, pour une cause, mais pour les gens […] et pour Dieu. Je n’ai jamais vu Job porter un drapeau. »
Rédacteur d’une revue bilingue, éditeur, chercheur
Depuis le Minihi, Jo Irien a rayonné jusqu’au-delà du Finistère : il assure la catéchèse en breton aux collégiens et lycéens de Diwan et publie un trimestriel bilingue dont le titre est le même que celui du centre. Il en est le principal rédacteur breton, conscient qu’il était désormais le responsable de la seule revue d’obédience catholique, alors qu’il y en a eu tant jusqu’au milieu du XXe siècle.
Il se chargeait de traduire en français les textes bretons et… en breton ceux en français. Il a été en 1997 l’éditeur du « Leor overenn » [Le missel], puis du Nouveau Testament en breton en 2002. Il a publié des chroniques hebdomadaires dans Le Courrier du Léon et dans le journal Ya ! qu’il rééditait par la suite sous forme d’ouvrages. Avec Mikael Skouarneg et René Abjean, il a composé quantité de nouveaux chants pour la liturgie bretonne. Il est enfin l’auteur d’une cantate à succès, Ar marh dall [Le cheval aveugle], mise en musique par le compositeur René Abjean.
C’était aussi un chercheur investi. Il s’est passionné pour l’hagiographie, l’histoire ancienne, monumentale et religieuse de la Bretagne, les pratiques cultuelles. Il a ainsi consacré de multiples publications aux saints bretons, leur vie et leur culte, en collaboration souvent avec d’autres chercheurs, universitaires ou non, tels que Bernard Tanguy ou Yves-Pascal Castel. Il a participé à de multiples rencontres, et il a organisé ou coorganisé des colloques de haut niveau.
Sa bibliographie en témoigne, il suffit de la parcourir pour s’en rendre compte. Celle ci-dessous est établie d’après le catalogue de la bibliothèque Yves Le Gallo au Centre de recherche bretonne et celtique, sur la base d’un tri réalisé sur son nom et qui affiche 53 références.